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PROJETER
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PURGE

   PROJETER. Se dit aussi pour cancaner, médire: Elle passe son temps à projeter.
   On trouve projeter en vieux français pour jeter dehors. Du latin pro-jactare.

   PROJETEUX. Pour projeteur. Cancanier, médisant, qui jette en avant de fausses nouvelles, qui répand des bruits calomnieux: C'est une projeteuse; il ne faut pas croire ce qu'elle dit.

   PROPERTÉ. Nous donnons à ce mot le sens anglais de property, propriété.
   Property (prononcé properté) est un autre mot que messieurs les Anglais ont pris a notre vieille langue française: «En commun et sanz properté». (DESCHAMPS, vol. VII, p. 329).

   PROSPECTER. Aller à la découverte de minéraux. De l'anglais: to prospect. Ce néologisme est entré dans la langue officielle.

   PROSPECTEUR. Celui qui prospecte. De l'anglais: prospector.

   PROUVABLE. Qui peut être prouvé: Ce que je vous dis là est prouvable; «Et si ce te semble doubtable, / C'est bien par argument prouvable». (Roman de la Rose).

   PROUVER. Nous donnons quelquefois à ce mot le sens anglais de it proved good, cela a bien tourné: «C'est droit naturel que quand on voit ses enfans mal prouver, qu'on en soit courréchiés; mais on le doit passer» (souffrir). (Beaudoin de Sebourg, I, p. 159); «Toujours de plus en plus je l'éprouve cruelle». (CORNEILLE).

   PRUCHE. Terme canadien. La pruche du Canada, c'est notre haricot (voir ce mot), le hemlock des Anglais: «La seconde écorce d'un arbre appelé pruche, espèce de sapin, servant de médecine». (SAGARD, 678).
   PRUSSE. Épinette blanche; picea alba canadensis; white spruce en anglais. Les Canadiens ont la pruche, mais cette essence n'est pas notre prusse; c'est notre haricot, le hemlock des Anglais.
   On trouve prusse dans La Hontan, dans Denys et chez les Acadiens des provinces Maritimes, du Labrador et de partout: «On l'appelle prusse, ayant le grain beaucoup plus serré que les autres». (DENYS, vol. I, p. 24).
   Jacques Cartier fait mention de pruche, mais je ne saurais dire s'il entend par là le prusse des Acadiens ou la pruche des Canadiens.
   Jean Alphonse, dans son Retour, parle des pérusses.
   Le primitif de ce mot est sans doute la Prusse, d'où l'on tirait anciennement les plus belles pièces à mâture de tout le centre de l'Europe. Nous disons aussi du bois de prusse.
   On avait le bois d'Amérique, du Brésil, de l'Inde, d'Angleterre, au temps où l'Acadie fut colonisée. Le sapin s'est dit autrefois en France, bois d'Allemarche, c.-à-d., bois de Denmark [Danemark].

   PTAMARGAN ou PTAMIGAN. Oiseau aquatique, Lagopus albus.

   PUCES DE MER. Espèce de crevette. L'Abbé Provencher (Naturaliste canadien, vol. IX, pp. 238-9) en a trouvé aux Îles-Madeleine qu'il désigne par le nom scientifique de Orchestra palustris Smith [?] et Orchestra agilis.

   PUISE. Se dit pour épuisette en quelques endroits de l'Acadie et du Canada.

   PURGE. Purgatif. Le mot ne s'emploie guère aujourd'hui en France que comme terme légal: purge d'hypothèque: «Je suis ravie que vous portiez bien votre purge; la mienne m'a fait tous les biens du monde». (SÉVIGNÉ).




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.