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QUI
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QUOIQUE ÇA

qu'il ait aperçu. / Qui c'est qui lui répond». (VAUQUELIN [DE LA FRESNAYE], Les Forestiers).
   Ces divers emplois de qui, familiers aux auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles, et qu'on ne trouve plus guère aujourd'hui dans les écritures, ont été conservés par les Acadiens.
   Nous disons fautivement: Qui c'est qui, pour qui est-ce qui. Et encore: Quis' qui a fait ça? pour qui est-ce qui a fait ça? C'est le même mot, syncopé: «Qui qu'à fait cte chanson? / C'est trois jolis garçons». (THÉROULDE).

   QUI. Qu'il. Le l de qu'il tombe ici devant une consonne, comme il tombait autrefois en France: «Selon le vent qui fait, l'homme doit naviguer». (RÉGNIER, [Satires], «Satire VI»); «Dieu est tenu de me révéler tout ce qui veut que je croye». (RABELAIS, Gargantua).

   QUILLES. Se dit, par extension, pour jambes grêles.
   QUINCHE. Sobriquet offensant donné à certaines familles. En vieux français, cainche était un mot obscène. Le mot pourrait aussi avoir été formé sur singe. En tout cas, il existe en Normandie une bête fantastique, la chinche-face, la face de singe, mentionné dans un vieux mystère: «Laide estoit de cors et de face; / L'en l'appeloit la chincheface».
   Quinche et chinche, c'est le même mot.

   QUOI. Ce terme d'interrogation est bien plus en usage ici qu'en France aujourd'hui. Il se traduit par: qu'est-ce?, que dites-vous?
   Nous avons quatre formes d'interrogation: Plaît-il? (prononcé plaît-i), qui est la manière respectueuse; Quoi? qui s'adresse à tout le monde, Hein? qui est familière et Comment? qui est de bonne compagnie.

   QUOIQUE ÇA. Néanmoins, malgré ça: C'est un brave garçon quoique ça; J'ai confiance en lui quoique ça.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.