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SAUVER
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SECRET

   SAUVER. Économiser, épargner, mettre de côté: J'ai sauvé deux cents piastres sur mon salaire l'année dernière; Il a de l'argent de sauvé; il sauve de l'argent.
   On dit aussi sauver du temps pour gagner du temps. De l'anglais: to save time, to save money.

   SAVANT. Tout étant relatif, un maître d'école est un savant pour nos paysans.

   SAVOIR. (Se prononce sawère, voir saoir). Fait au futur sarai: Je sarai, tu saras, il sarat. C'est l'antique manière de conjuguer ce verbe: Jusques le vray en saras». ([Le Livre des] 100 ballades, la XVIe); «Trop mieux sarez». (Idem, 65e); «Y sarons repairer». (La Fille du comte de Pontieu).
   Fait que je save pour que je sache, au subjonctif.

   SAVOUNETTE. (Pour savonnette). Blaireau à barbe.
   À l'Académie, le mot signifie boule de savon dont on se sert pour se raser. Chez le populaire de France, j'imagine qu'il a la même signification qu'ici.

   SAVOUNURE. Savon dissous dans l'eau, savonnage.

   SAVOYANNE. Herbe médicinale.

   SCHNICK. Boisson alcoolique quelconque.
   C'est un terme employé par les Acadiens et autres Français des îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Le mot est connu également aux Îles-Madeleine, mais il se dit plus particulièrement pour le rhum.

   SCHNIQUER. Forme familière; avoir peur, reculer.

   SCIE-DE-LONG. Grande scie manoeuvrée de haut en bas et servant à débiter des billots en planches, en madriers. Les Canadiens l'appellent godendort.
   SCIENCE. Se dit pour bienséance, sagesse, en parlant des enfants: Cet enfant a de la science pour se conduit bien, est bien élevé.
   Dans les Écritures saintes, science a souvent le sens de sagesse.

   SCIENCEUX. Sage, tranquille, en parlant des enfants; qui a de bonnes manières.
   En très vieux français, escientieux se disait pour sage, prudent, savant. Scientificus dans Du Cange.
   En Normandie, faire des sciences, c'est prendre des airs d'importance.

   SCIER. Au figuré, importuner, ennuyer: Cet homme-là me scie; Ne viens pas me scier.
   C'est une expression plutôt canadienne.

   SEC. Fait séque au féminin, au lieu de sèche: La terre est trop séque pour labourer. Même chose en Normandie.
   Se dit aussi substantivement: Le temps se met au sec.
   L'Académie veut que sec, substantif, se dise particulièrement pour fourrage sec; donner du sec aux chevaux, par opposition au vert.

   SÉCHERIE. Action de faire sécher, en parlant des poissons: «Es lieux où les Français font la sécherie des morues». (LESCARBOT).

   SECRET. C'est segret que nous disons le plus souvent: «Ce c se prononce comme g; ainsi on prononce segret et non pas secret». (Préface de la lère édition du Dictionnaire de l'Académie). On trouve segret dans la plupart des anciens auteurs.
   Secret, adjectif, s'entend le plus souvent, pour discret, comme dans ce vers de La Fontaine, ([Contes et nouvelles en vers], Le Faiseur d'oreilles [et le raccommodeur de moules]): «Soyez secrète, ou bien vous êtes morte».
   Nous disons aussi comme l'auteur de la Princesse de Clèves: «La Reine me dit qu'elle n'avait trouvé personne




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.