il y aurait confusion. Tout le monde s'appellerait Lenoir, ou LeBlanc, ou Lefebvre. Le soubriquet semble avoir sévi chez les anciens tout autant que chez les modernes. Plusieurs parmi les plus grands noms romains: César, Cicéron, Lentulus, [Calpurnius] Pison, Fabricius sont des soubriquets. On a trouvé — Littré se range de cet avis — que soubriquet veut dire «coups sous le menton», voire sur la pomme d'Adam: «Paraissait super mentonem faciendo dictum le soubriquet». (Acte de 1335, Ap. Archives du Nord de la France, Le Héricher).
SOUCHE. Nous prononçons le mot à la picarde: chouche.
SOUCHON. (Se prononce chouchon). Petite souche: «Souchon. The stump of a tree». (COTGRAVE).
SOUCIER (Se). Nous donnons à ce verbe un emploi que je ne lui trouve pas à l'Académie: Je ne me soucie pas d'y aller pour je n'ai pas envie, je n'ai pas l'intention d'y aller. Et encore celle-ci: Je ne me soucie pas lequel prendre, c'est-à-dire, je n'ai pas de choix, l'un ou l'autre me convient.
SOUDEUX. Soudeur.
SOUDRE. Souder: soudre deux morceaux de fer ensemble. Fait soudu au passé, au lieu de soudé.
SOUER ou SOUAIRE. Soir. C'est l'ancienne manière de prononcer le mot. On trouve souère dans la VIIIe Conférence. «Ce ne deit bien plaire e soeir / S'il peut qu'il me veigne voeir». (Roman de la Rose, v. 14641-2); «Cil fut ocis heir seir». ([Chanson de] Roland, v. CXCIII). Nous disons demain souer, lundi souer, les grammariens préfèrent lundi au soir. Mais l'Académie est avec nous.
| |
SOUEF. Soif.
SOUFFLE. S'arrêter pour jeter un souffle, c'est arrêter pour respirer, pour se reposer: Tu as assez travaillé, jette un souffle, repose-toi.
SOUFFRABLE. Endurable, tolérable. Il n'est pas souffrable dans une maison. On trouve le mot dans l'Évangile de Nicodème. Les Anglais l'ont conservé.
SOUILLE. Soue. Étable à pourceaux, chez les Canadiens. Nous disons tet, en faisant entendre le t final. Le mot appartient à la vieille langue. On le trouve épelé sou, souil, seuil, suel et souille. [D']Aubigné emploie le mot souil pour endroit fangeux. Godefroy lui trouve un sens marin: «Lit formé dans la vase par le fond d'un navire». En v[ieux] fr[ançais], souiller se disait pour se rouler dans la boue, se vautrer: «Souiller dans le sang, comme ferait un pourceau dans la fange». (LA NOUE, p. 220).
SOUINCER. Morigéner, tancer vertement: Je l'ai souincé d'importance.
SOUISSE. (Pour suisse). Écureuil volant; tamia guadrivitalla. Il est rayé de quatre bandes blanches. On a dit en France: la Souisse (l'Helvétie) à côté de la Suisse, jusqu'au XVIIe siècle. Ménage décréta que Souisse était antique et provincial et fit entrer Suisse à l'Académie. Mais le mot a été conservé par le peuple de France; c'est de lui que les Acadiens l'ont pris. «Souisse. A Swiss». (COTGRAVE); «Corps d'espaignole et ventre de Souisse». (RABELAIS). On trouve Souisse dans la VIIe Conférence. Montaigne, [d']Aubigné, Catherine de Médicis et maints autres écrivains l'emploient. «Pour des escurieux il y en avait telle quantité de suisses et autres communs qu'ils
|