en dommayeaient for la seicherie du poisson». (SAGARD, 645). Denys le nomme écureuil «rayé de la tête à la queue»; «On les appelle suisse parce qu'ils ont sur le corps un poil rayé de noir et de blanc qui ressemble à un pourpoint suisse». (LA HONTAN, Mémoires de l'Amérique [septentrionale, ou la suite des voyages de Mr. le baron]).
SOÛL. L[e] l final est muet. Nous employons ce mot couramment pour rassasié, comme on l'employait originairement: Il a mangé son soûl; Donne-lui son soûl de pain et de beurre. L'Académie donne ce sens, mais ajoute qu'il est peu usité.
SOULADE. Action de se soûler, de s'enivrer. Nous disons aussi soûlerie.
SOULEVER. Se dit aussi pour donner une fessée. (Il y a ici un mot sous-entendu). Il ne voulait pas m'écouter: Je l'ai soulevé. S'applique aux enfants.
SOULIER. Le soulier français était pour les Acadiens d'avant la conquête anglaise, un soulier de cuir tanné, importé de France. Nous avions aussi, et nous avons encore, le soulier mou ou soulier sauvage, fait de peau non tannée. Celui-ci paraît être indigène [de] l'Amérique. On me dit que les Canadiens l'appellent gaillard. Ils ont cependant, comme les Acadiens, le soulier mou, témoin ce vers de P. Lemay (Tomkouron): «Avec leurs souliers mous ils mirent leurs mitasses». Il peut se faire que le nom soulier mou nous vienne de France. Nous avons aussi le soulier de chevreuil, qui est un soulier mou avec le poil de la bête en dehors. Le soulier fin se confond avec le soulier français.
SOUPANE. Se dit pour gruau, bouillie, porridge chez les Canadiens.
SOUPER. Repas du soir. Nous déjeunons le matin, dînons le midi et soupons le soir selon l'usage antique,
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sinon solennel, des Français d'autrefois. Aujourd'hui, l'on déjeune sur les onze heures, à Paris, et l'on dîne le soir. Souper, c'est manger de la soupe. Aussi la soupe faisait-elle partie obligatoire du repas du soir; on commençait par la soupe: «Un valet se levant le chapeau sur la tête, / Nous vint dire tout haut que la soupe estait preste». (RÉGNIER, [Satires], «Satire X»); «On apporta une alose pour le desjeuner de Jeanne d'Arc: Gardez-la pour le souper, dit-elle à son hôte, car je vous emmenerai un goddam (un Anglais) qui en prendra sa part». On prenait alors ses repas, en France, aux mêmes heures apparemment qu'on les prend aujourd'hui en Acadie.
SOUPOUDRER. Saupoudrer.
SOUQUER. Aux Îles-Madeleine, on emploie ce mot dans le sens de serrer fortement, comme dans un étau. Se faire souquer, c'est se faire pincer, se faire prendre dans une mauvaise affaire.
SOURCEUX. Plein de sources: un terrain sourceux. Cette expression est connue dans le midi de la France.
SOURD. Nous disons: entendre sourd, comme à l'Académie (voir clair). Sourd et clair sont ici des adverbes.
SOURDRE. L'Académie statue: «Il ne se dit que des eaux, et n'est guère en usage qu'à l'infinitif et à la troisième personne du présent de l'indicatif». Nous disons d'une personne: Il a sourdu tout à coup; Un lapin a sourdu dans mes jambes. Maupas, grammairien, conjugue: Je sourds, je sourdis, j'ai sourdu. Nous conjuguons comme Maupas. «Pour une malheurte qui sourdy en-contre une mienne fille». (La Fille du comte de Pontieu); «Et ressoudra en propre corps». (DESCHAMPS, La Fiction du Lion).
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