T. La consonne t se prononce ici comme à l'Académie, mais non pas dans tous les mots. Devant i, elle se mouille en chuintante palatale. Pelletier, pitié, quartier se prononcent: Pelletchié, pitché, quartchié, le ti rendant le son du c italien dans cicerone ou du ch anglais dans chip, cheat. Il sonne à la fin de certains mots, où il est muet à l'Académie, et dans quelques autres, c'est le contraire. Pot, bout, juillet, brut, sot, pilot [sic], trot, adroit, goret, fouet, fret (froid), souhait, douillet, à flot se prononcent pote, boutte, juillette, etc. La manière de prononcer le t final explique pourquoi dans certains mots, dans faîte par exemple, du latin fastigium, les premiers scribes et leurs successeurs l'ont fait suivre irrégulièrement d'un e muet. Avec un e muet, il n'y avait pas à se tromper sur la manière de prononcer. Fastigium donne faît en français. Nous disons le faît de la maison, et non pas faîte. Notre manière de sonner ou de ne pas sonner le t final des mots correspond généralement à celle qui a prévalu en France jusqu'au XVIIe siècle dans la langue parlée. Cette langue parlée ne s'accordait pas toujours avec la langue écrite. Nous faisons entendre le t final dans droit, qui se prononce droite: Tiens-toi droite, et le laissons tomber dans endroit, qui se dit endroi. Cette différence de prononciation s'explique quand on remonte à l'étymologie des deux mots. Mais l'influence de la graphie est plus forte que celle du radical. Voici que le t de but, qui était muet dans la vieille langue, sonne presque partout en France aujourd'hui. On écrivait sans e final certains mots qui en prennent un depuis la naissance du
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Dictionnaire, pacte, par exemple, de pactum: «Voici ung pact qui sera entre vous et moy». (RABELAIS). Montaigne (Essais) dit butte pour but: «Ils vont prenant leur visée grande espace audessus de la butte». À propos de la prononciation du t final dans les mots, on relève quelques différences entre le parler des Acadiens et celui des Canadiens. Nous disons nui(t), soubrique(t), li(t), et le paysan canadien nuitte, soubriquette, litte. Comme en France, le t dans certains mots tend à s'adoucir en d: Hippolyte ou plutôt Polyte se dit quelquefois Polyde: «À Jacob il donne pour guide / Son verbe et ses enseignements, / Et à sa race Israëlide / Ses statuts et ses jugements». (LESCARBOT). Patenotre (pater noster) donne Patenaude dans les noms propres canadiens. Cette tendance date de loin. Adjustore, mot populaire, a fait aider; tunc a donné donc. On peut remonter plus haut. Le peuple de Rome disait limides pour limites, strada pour strata, mais nous n'avons pas ici à nous occuper des Latins.
TABAGANE ou TOBAGANE. [Toboggan]. «Sorte de traîneau composé d'une longue planche de bois flexible, recourbé à une extrémité, et dont on se sert l'hiver en manière d'amusement, pour glisser du haut des pentes escarpées». (CLAPIN). La tabagane mot d'origine cri, est d'introduction récente en Acadie. Nous l'appelons plutôt traîne sauvage.
TABAGANER. Glisser du haut en bas d'une côte, l'hiver, dans une tabagane. C'est un des sports favoris des jeunes gens, surtout parmi les Canadiens.
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