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TABELIER
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TALLER

   TABELIER. Métathèse de tablier.

   TÂCHER QUE. Nous disons, et cette manière a été condamnée par de hautes autorités en France: Tâche qu'il vienne; Tâchez qu'il s'en souvienne; «Tâchez qu'il y en ait le moins possible». (DUMAS fils, L'Étrangère, IV, 5).

   TAILLE. Tranche: Coupez-moi une bonne taille de viande; «Tu n'y entreras qu'à taillons; ainsi entier ne pourras tu». (Pantagruel).
   Se dit aussi pour mortaise.

   TAILLE (À). Prendre à taille, couper du bois à taille, c'est prendre comme ça vient, abattre les arbres comme ils se présentent.

   TAIRIR. Tarir.

   TAISER. Taire. Nous disons taire également, à l'infinitif.
   Taiser vient du latin tacere, avec l'accent sur la pénultième, et taire, de tacere, avec l'accent sur l[e] a.
   Les deux formes se confondent à l'Académie dans la conjugaison: Je me tais; vous vous taisez; taisez-vous; faites-le taire. Nous disons: Il s'est taisé pour il s'est tu; taise-toi pour tais-toi; taiser sa goule, même sens. C'est le taire son bec des paysans de France: «Si ceux qui ont escrit son harangue qu'il fit à l'heure de sa mort ont taisé ce trait, ils ont tort». (BRANTÔME); «Bon taisir vault trop parler nuit». (Rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]); «Tous se taisèrent». (ARRAS, [Roman de] Mélusine); «Ambdui vous en taisez». ([Chanson de] Roland, v. 259); «Taisez votre bouche». (DESCHAMPS, vol. VII, p. 260).
   On trouve tésair et tésir dans Dolopathos.
   «Dame, que dire? Que taisir?» (Cligès);
«Lors ne se pot cele teisir». (Erec et Enide); «Et d'autre part le trop tésir / Ne revient pas molt à plésir». ([ROBERT DE BLOIS], Chastoie-
ment des Dames). «Si les fait trestons taiser». (Floire et Blancheflor).
   On dit se taiser aujourd'hui encore dans le Berri.

   TALBOT. Le t est muet. Entrave; pièce de bois faisant collier que l'on passe autour du cou des brebis pour les empêcher de sauter dans le champ du voisin.
   Talbot, prononcé talbott par les Canadiens, est un nom de famille. Le nom est illustre en France. M. Jean Talbot commandait les armées anglaises qui combattirent en France au temps de Jeanne d'Arc.

   TALBOTER. Mettre un talbot.

   TALLE. Touffe, bouquet, bouillée: une talle de groseilliers, de frênes; une talle de fraises; où les fraises sont abondantes.
   L'expression est plutôt canadienne. Nous disons de préférence une bouillée. On dit bouillerée en Anjou. Une talle en Acadie, c'est une pièce de bois servant à tenir les comptes au moyen d'incisions marquant le nombre d'objets maniés. Le mot avait la même signification dans la vieille langue où il se disait pour entaille.

   TALLÉE. Tenir tallée, c'est tenir compte, au moyen d'entailles sur une pièce de bois, du nombre d'objets maniés, vendus, achetés, engrangés ou mis à la cave. C'est la manière primitive de chiffrer, de tenir les comptes. On faisait aussi usage de petits cailloux aux âges primitifs: «Tallée. Incision». (LA CURNE [DE SAINTE-PALAYE]).
   Tallée ou tallies est entré dans la jurisprudence anglaise, apportée de Normandie par Guillaume le Conquérant.
   Du bas latin: talea ou tallia.

   TALLER. Tenir compte, au moyen d'incisions, de coches pratiquées sur une talle. Faire des encoches.
   En vieux français, tailler, qui est le




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.