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TALOCHER
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TANT

même mot que taller, se disait pour graver une figure en bois, en taille. Signifiait aussi compter, nombrer, comme ici: «Taller. Score on a tayle». (COTGRAVE).
   C'est de tailler que vient le mot entailler.
   La jurisprudence anglaise a to entail.

   TALOCHER. Donner des taloches.

   TAMARAC. L'épinette rouge des Canadiens. Larix americana.
   C'est un mot pris à la langue algonquine. Nos gens disent de préférence du violon (voir ce mot).

   TAMARIN. Ce que les Canadiens appellent de la tire. C'est de l'eau d'érable condensée en sirop, phase précédant immédiatement la mise en pains de sucre. L'Italien a tamarindo.
   «Tamari (XIIIe siècle) (tamaricus), tamarise. Il s'agit probablement des galles du tamarix mannifera, Grenberg, provenant du Sinaï, qui sont mucilagineuses et sucrées, et non des tamaris ordinaires». (Commentaire par A. Boss sur le mot tamaris de la Chirurgie de H. de Mondeville).
   Ce mot, paraît-il, est d'origine arabe.

   TAMER. Étamer, galvaniser, plaquer: tamer du cuivre en or, de l'étain en argent.

   TAMPIER. Bois avec pointes pour étendre l'étoffe dans un métier à tisser.

   TAMURE. Tain; ce avec quoi l'on tame (voir ce mot).

   TANESIE. Plante médecinale. On trouve le mot épelé thanasie dans Eust. Deschamps (vol. VII, p. 344).

   TANGON. Mouillage aux Îles-Madeleine.

   TANIS. Nom propre: Stanislas.
   TANNANT. Ennuyeux, fatiguant. Se dit surtout des enfants en Acadie.
   L'emploi de ce mot est plus général parmi les Canadiens.

   TANNÉ. Fatigué, ennuyé: Je suis tanné de l'entendre; «Souvent recreu, faché, tenné». (COQUILLART, Le Blason [des Armes et des Dames]); «O homme vieillart, attané de trop griefve doullur». (DUGUESNE, Hist. de J. D'Averson, rapporté par Godefroy). Ici, attané signifie affligé.
   «De proesce quérir tenné». ([Le Livre des] 100 ballades, 84e).
   Se dit aussi pour hâlé, brûlé au soleil: avoir le teint tanné. Les Anglais ont conservé le mot avec ce sens.
   «Le soleil radieux de sa vive chaleur / A changé mon beau taint et tanné ma couleur». (BELLEAU).
   Nous avons aussi comme en France le cuir tanné. Nous tannons le cuir.

   TANNER. Ennuyer, fatiguer, harasser:
«.... Quar le resveil / Me tane assez quand je m'esveil». (RUTEBEUF); «Princes a mort sont destinez / Et tous autres qui sont vivants. / s'ils en sont coursez (courouées) et tennez, / Autant en emporte ly vous». (VILLON); «Le dist Renart, ne vous tanez». (Roman de Renart); «Ils étoient si tannés que plus ne pouvoient». (FROISSART); «Les prélats de la Sainte Église se commencèrent à tanner de l'entreprise et ordonnance des trois états». (Idem); «Le roi de France était bien tané de seoir devant la forteresse». (Idem).
   Ce mot remonte aux origines de la langue; on le trouve dans les gloses d'Erfurt. Il nous vient de la Germanie.

   TANT. Se dit quelquefois pour de si, d'aussi dans nos vieilles chansons importées de France: «Tant si loin que je le vis venir». Tant qu'à se dit aussi pour quant à. Comme dans cette phrase de George Sand ([La] Petite Fadette): «Tant qu'au foin, s'il est rare, il est fin»; «Tant que à moy je ne le ferai pa». (FROISSART).




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.