L'auteur de la Chanson de Roland écrit: «De sun cervel li temple en est runpant». Celui des Croisades (p. 306): «Il feri celui tel cop en la senestre temple». Je trouve dans Sablé (Gabriel d'Estrées): «Mon oeil est tout ravi, quand il voit et contemple / Ces beaux chevaux orins qui ornent chaque temple». Eustache Deschamps (la Chartre des fumeux, v. 242), Rabelais (Pantagruel) l'emploient; Cotgrave le relève; Vaugelas trouve l'expression propre et exacte; Madame de Sévigné nous parle de «deux petits fers s'enfonçant dans les temples». Quand nous employons ce mot, nous parlons patois! La langue anglaise a conservé cette vieille et jeune expression.
TEMPS. La température joue un grand rôle dans la vie du cultivateur et du pêcheur; le soleil et la pluie font croître et mûrir les moissons; le calme et le vent sont également redoutés du marin. Aussi, le temps est-il, pour les uns et pour les autres, un être animé. Ils parlent du temps comme d'une personne vivante: Le temps se chagrine; Il écoute; Il marchande; Il s'écure; — Il s'arrime; est plein d'étoiles; est mauve; est gris; est chagagnac; est chargé; Le temps se relève; se graisse; grimace; se rembrunit; se xorbouille; se ramasse; caisse; est menaçant; hésite; se calotte; s'écoute; se dégraisse; se renfourgne; se rehausse; s'engraisse; est écho; se débarbouille; se décrasse; se décalotte; est mort, etc. Les cultivateurs et les navigateurs du monde entier personnifient le temps. Victor Hugo écrit: «Le jour à le front bas et les cieux sont étroits»; et Ovide: «Tempora si fuerint nubila, solus aris». Les soldats français de la guerre de Crimée disaient qu'il y avait du tabac dans le temps quand une attaque russe paraissait imminente. Nous disons le temps se rehausse. Rabelais (Pantagruel) a dit la même chose avant nous: «Et nous feut dict qu'ils haussoyent le temps selon la ma-
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nière du lieu, et qu'en ceste manière Hercules jadis haussa le temps avecques Atlas». Nous disons avec La Fontaine [Contes et nouvelles en vers], Le petit chien [qui secoue de l'argent et des pierreries]): «Avant qu'il soit deux jours de temps». Nous mettons temps où les écrivains mettent ciel: Il neige à plein temps. Un bout de temps, c'est un intervalle de temps, quelque temps. Un temps doux, c'est un temps chaud; un doux temps, un temps de dégel. Il fait tous les temps; il fait une tempête. Aux Îles-Madeleine, le temps des glaces, c'est la saison de la chasse aux loups marins. Nous avons pris de l'anglais: Le temps de dire Jack Robinson pour un rien de temps; Avoir un gros temps, a big time, avoir un plaisir tapageur; Les temps sont durs, hard times, les affaires sont mauvaises. Les Anglais disent: fine weather pour beau temps. Le temps est fin signifie, en Acadie, est très sec. Bossuet écrit (Méditations sur l'Évangile, 48e jour): «Il faut la prendre avec réserve, jusqu'à temps que nous soyons prêts à recevoir tout son effet». Nous employons cette locution dans le même sens. On dit aux Îles-Madeleine: Le temps va beausir pour se mettre au beau.
TENDRE. V. n. S'emploie absolument. Chez les pêcheurs, tendre, c'est tendre les filets; chez le trappeur, c'est tendre un piège: «On ne tend pas à la belette». (DE PUYJALON).
TENOIN. J'ai relevé ce mot aux Îles-Madeleine. C'est, je crois, ce que les Acadiens du N.-B. appellent tendron [tendon, nerf].
TENON. Se dit pour charnière en parlant de coquillage. L'Académie lui donne [un] tout autre sens.
TENTABLE. Tentant.
TENTATIF. Tentant.
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