(Roman de la Rose, v. 12499); «Les siècles longs pas a pas racontant / Du tect Champestre où il est habitant». (S[AIN]T-GELAIS). On trouve soutecte en vieux français. D'où nous vient le e, du latin tectum? Il y a de sérieuses raisons d'en douter. À peu près tous les mots bas de la langue ont un radical celtique ou tudesque. Tectum, forme latine, doit être un de ces mots-là. Tectum donnerait plutôt tit en français, comme lectum a donné lit. En vieil allemand, tot signifie habitation. C'est là, apparemment, que les soldats romains l'ont pris. Tot (t sonore) a fait tet chez le peuple de la Gaule. À Rome, il a donné tectum.
TÊTE. Les Acadiens du Nouveau-Brunswick disent tête, avec un accent circonflexe comme le veut l'Académie. Ceux de la Nouvelle-Écosse ferment l[e] e et disent téte. Lescarbot écrit téte, avec un accent aigu. Cette manière a été longtemps celle du peuple de France, dans certaines provinces au moins.
TÊTE (d'oreiller ou plutôt d'oriller). Taie d'oreiller. Tête ici est de formation analogique. Nous disons tête-à-pointe pour tête-bêche. Tête-en-fromage, sorte de hachis fait avec du porc frais. Cette locution nous vient du Canada.
TETÉE ou TETTÉE. Donner la tetée à un enfant, c'est lui donner le sein: Il a eu sa tetée; donnez-lui sa tetée. «Tettée. Temps que l'enfant met à sucer la mamelle». (COTGRAVE).
TÉTINE. Tétin, téton. Le Dictionnaire veut que le mot tétine ne s'applique qu'aux animaux. Nous l'employons en parlant des personnes, à l'exclusion de téton. Les premiers français disaient tetin: témoin ce distique de Marot: «Tetin qui fait honte à la rose, / Tetin plus beau que nulle chose».
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Philippe de Novare (Des Quatre Temps d'aage d'ome) emploie le mot tétine pour téton. Dans un de ses contes limousins, D. Roche nous dit d'une femme «qu'elle avait les tetines bien bas». «Puisque tétine (sein) se monstra en tous lieux». (DESCHAMPS, [Poèmes], Ballade, vol. VIII, p. 169); «De nature le sein / Est toujours tétineux pour tant le genre humain». (RONSARD, [Élégies, mascarades et bergerie], «Élégie XXIX»).
THANASE ou THONÂSSE. Nom propre: Athanase.
THÉ (Petit). «Spirée à feuilles de saule». (DIONNE, [Le Parler populaire des Canadiens français], Glossaire). Gaultheria procumbans. (Linné). «Ainsi nommé en l'honneur du Dr Gauthier de Québec», nous dit l'Abbé H. R. Casgrain.
THÉPOT. Le t final sonne. Théière. De l'anglais tea pot. Le mot est passé dans la langue.
TI. Particule explétive dans une interrogation: J'irai-ti?, pour irai-je? Est aussi un signe de satisfaction: C'est-ti bon! Ce ti, c'est le t-il français que l'on trouve dans voilà-t-il, etc. L[e] l final tombe dans la langue parlée: «Ne v'là-ti pas», etc. 3e Conférence. Ç'a été de tout temps la manière de prononcer en France, parmi le peuple. La graphie a introduit l[e] l final. La prononciation de la syllabe ti offre de sérieuses difficultés en français. La langue officielle a arbitrairement aplani ces difficultés, mais le problème reste irrésolu pour la langue parlée parmi le peuple: «Il n'y a office qui quienne», dit Lucas à Sganarelle dans le Médecin malgré lui de Molière. On dit amiquié pour amitié à Orléans, et renquier pour rentier en [dans] la Beauce, au témoignage de M. de Gourmont. Le nom propre, Pelletier, s'écrit le plus souvent Pelky (prononcé
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