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TIANDE
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TIQUET

Pelqué) par les Anglais, qui tiennent des Canadiens cette manière de prononcer.
   Ni amitié (prononciation académique), ni renquier, ni quienne, ni amiquié, ni Pelquier n'est la véritable manière de rendre le timbre de la syllabe tié dans ces mots. L'alphabet, d'ailleurs, est impuissant à le noter. La prononciation officielle des mots amitié, tienne, rentier, Pelletier est une prononciation livresque, introduite dans la langue par les yeux et non par l'oreille.
   On trouve dans les Conférences: apporquin, moiquié, piquié (pitié), quarquier, savaquier (savatier), amiquié, etc.
   «C'est à qui me fera le plus d'amiquié; / L'un me baille un soufflet et l'autre un coup de pied». (REGNARD, Dimocrite, acte V, scène II).
   Nous mouillons la syllabe ti, qui se prononce tchi, ou plutôt comme [le] ci italien dans cicerone, ou le ch anglais dans cheap: amichié, tchienne, renchier, Pelletchier. Ti est pour nous une palatale fortement chuintante.

   TIANDE. Pris dans [Aubert] de Gaspé [Philippe], [Les] Anciens Canadiens: «Tiande, mets composé d'un rang de morue et d'un rang de tranches de lard, bien étuvés».

   TIENDRE. (Le ti se mouille). Tenir. Se conjugue régulièrement: Je tiens, j'ai tient; je tiendrai; que je tienne. Dans que je tienne, l'influence de tenir se fait sentir.
   D'autre part, le verbe tenir a emprunté à tiendre son futur: Je tiendrai. C'est de l'échange mutuel. H. Estienne a tiendrent. Cette forme était fréquente au XVIe siècle où l'on trouve vindrent pour vinrent, par l'intercalation d'un d euphonique.
   «Entr'aux deus un parlement tiendrent». (Roman de la Rose, v. 12036) (vérifier) [sic]; «Ce malheureux honneur a tins le bec en l'eau». (RÉGNIER, [Satires], «Satire VI»). Nous disons: a tient.
   «Cil (ce) consaulx (conseil) fut tenu,
et le maire contremanda qu'il se tenist (tint) coi (tranquille)». (FROISSART).
   Tiendre semble issu de tendere, pendant que tenir dérive de tenere ou plutôt de tenire comme on disait chez le populaire à Rome.

   TIGNÂSHI. Mot sauvage entré dans la langue et qui signifie fort à fort. Nous disons aussi dans le même sens tinque-à-tinque, bonne-à-bonne. L'on trouve quelque part en France hink et pink. L'argot a kif-kif.

   TILLER. Non seulement c'est détacher avec la main la filasse de la tige en chènevotte, comme à l'Académie, mais c'est encore faire le tillage de toute espèce de bois, surtout du chêne.
   Tiller un balai, c'est faire un balai avec des rubans de bois que l'on noue à un manche. Ces balais ne servent qu'aux gros balayages, ceux des aires à grain, du pont des goélettes.

   TILLES. Se dit surtout des éclats de frêne, très minces, sortes de rubans de bois dont les paysans faisaient autrefois et font encore, en certains lieux, des balais.
   Tille, dans l'ancienne langue, se disait pour bardeau, douve. Littéralement, du bois de tilleul. Teil était de l'écorce de tilleul; on en faisait de la corde, voire du câble.
   S'est dit aussi pour tranche dans la vieille langue: «Et si velt une tille de son bacon». (Audiguier, rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]).

   TIMOTHÉ. Mil, millet. Mot anglais entré dans la langue. C'est Timothy Hanson qui vulgarisa le mil aux États-Unis et en Acadie.

   TINQUE-À-TINQUE. Fort à fort (voir tignâshi): «Lor ostens virident renc à renc / Li Haiurnier et li Flamenc». (Chronique rimée de Philippe Mouskès).

   TIQUET. (Le t sonne). Billet d'entrée; se dit surtout de billets de chemins de fer.
   Ce mot, pris de l'anglais, est entré




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.