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TROUVABLE
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TUMBER

   TROUVABLE. Qui peut être trouvé: Inutile de chercher plus longtemps, il n'est pas trouvable.

   TROUVER À REDIRE. Blâmer. Locution usitée dans la vieille langue et qu'on entend encore en France.

   TRUC. Jeu de cartes que l'on jouait en France autrefois. Mot d'origine gasconne.
   On joue, en Saintonge, au trut avec trois cartes. C'est, je crois, le même jeu.
   Rabelais, parmi les jeux qu'il énumère, mentionne «l'archer tru». (vol. I, p. 416).
   Trick en anglais et tric en roman, signifiant tricherie. Tous ces mots, y compris le truc qu'on trouve à l'Académie, ont la même origine.

   TUBER. Appointir un morceau de bois pour qu'il puisse servir à défaire les torrons d'un câble. Terme de marine.

   TUE-MONDE. Subst. masc. Travail excessif: Ce travail-là est un tue-monde.

   TUER. Nous donnons à ce verbe plusieurs emplois qu'on ne lui trouve pas à l'Académie. Ainsi nous tuons une chandelle: Ma chandelle est morte / Je n'ai plus de feu». (Chanson populaire); «C'est que la terre était brûlée, / S'ils n'eussent tué ce flambeau». (MALHERBE); «Si ma chambrière n'en eust fait autant, je me fusse levée et lui eusse tué la chandelle sur le nez». (MARGUERITE DE NAVARRE); «Incontinent après on tuait leurs chandelles». (BRANTÔME); Tuer un flambeau s'est dit couramment en France au XVIIe siècle. On le dit encore aujourd'hui.
   Un cultivateur me disait: «Ne labourez jamais de rompis quand la terre est gelée, ça la tue». Nous disons: La lune va tuer le vent.
   Tuer avait autrefois le sens d'abattre, de faire tomber. Saint-Simon écrit:
«Tuer à terre», pour jeter à terre.
   Dans la très ancienne langue, on ne disait pas tuer, mais occire. Tuer vient de tutari, protéger; tuer le feu, l'éteindre, le couvrir de cendres. Tutari focum, protéger le foyer, c.-à-d., la maison.

   TUMBER. Tomber. C'est l'ancienne manière d'écrire et de prononcer ce verbe. Nous le conjuguons avec avoir: J'ai tombé: «Ne peult tumber en l'entendement de personne». (LA BOÉTIE); «Cremeur fait livres tumber». (Vieux proverbe); «Je tumbe à terre pras des landiers». (Pantagruel); «Est à l'envers tumbé en paovreté». (Idem); «La plus grande charge tumba sur lui». (BRANTÔME, [Vies des hommes illustres et des grands capitaines], «Charles VIII»); «Mais ceux qui sont tumbez par quelque violent accident». (MONTAIGNE); «Tout ce qui bransle ne tumbe pas». (Idem); «Les oiseaux qui tumbent de l'air en terre». (AMYOT).
   Cotgrave donne tumber et tomber et Palsgrave, tumbe pour tombe.
   «Le duc de... m'a dit qu'il étoit tumbé malade». (CALLIÈRES, Des mots à la mode, 1645-1717).
   «Il est difficile d'empescher que l'amour qui est tumbé en l'aureille ne face soudain se cheute dans le coeur». (FR[ANÇOI]S DE SALES).
   On trouve tumber dans Perceval, dans Des Périers, dans Lancelot, dans les Act[es] des Apôt[res] dans la Fille du comte de Pontieu, dans Eust. Deschamps, etc.
   «Ti Jean en tumbe sur le cul d'admeration». (BARBEAU, Contes [populaires] canadiens, [Journal of American Folklo re, vol. 30, no 115, 1917]).
   Tumber de l'eau, c'est uriner. Montaigne emploie cette locution.
   D'où vient le mot? Du scandinave, à n'en pas douter. Il a le même radical que l'anglais to tumble, culbuter.
   Dans les farces que l'on jouait au moyen âge, il y avait les tumbeors et même les tumberesses que nous avons




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.