V. «Le v latin avait sensiblement le son du w anglais». (DAUZAT). Vinum se prononçait ouinum. Le double u anglais, qui se dit double v en français, a, autant dire, disparu de la langue. Dans les anciennes annotations, v et u ne se distinguaient pas. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle, dans son édition de 1718, que l'Académie a adopté le v distinct du u. Il se prononce ici comme en France.
VACABOND. Vagabond. Nous avons les deux formes, mais c'est la première qu'on entend le plus souvent. Vacabond appartient à la vieille langue: «Le dieux d'amour avait / Prins sa volée ainsi qu'un vagabond». (MAROT). On entend vacabond partout au centre de la France aujourd'hui.
VACHE-MARINE. Morse de l'Amérique, walrus, le sea-cow des Anglais. On trouve le mot dans Nicolas Denys et La Hontan. Cartier (1535) l'appelle cheval-de-mer et aussi adhothys, nom indigène qu'on n'a pu rattacher à aucun dialecte indien. Lescarbot dit qu'elle était appelée par les marins bête à la grand dent. Une anse à l'Île-du-Prince-Édouard s'appelle Sea-Cow Bay. La vache-marine, jadis très abondante, a complètement disparu de nos côtes. Il faut remonter au cercle polaire pour la retrouver.
VADROUILLE. Guipon, mop en anglais. C'est un torchon attaché au bout d'un long bâton qui sert à nettoyer le pont d'une embarcation.
VAILLANT. En bonne santé; laborieux; brave: Comment sont-ils, chez-
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vous? — Ils sont bien vaillants, c.-à-d., en bonne santé; Je ne me sens pas bien vaillant aujourd'hui; C'est un garçon vaillant, travaillant, laborieux; Il se défendra bien tout seul, il est vaillant.
VAILLANTISE. Prouesse, fanfaronnade: Il fait cela par vaillantise. Il ne fait que parler de ses vaillantises. L'Académie enregistre le mot avec l'observation qu'il est vieux et familier. Il est toujours jeune et de bonne compagnie en Acadie: «Que je vais m'en donner et me mettre en bon train de rencontrer mes vaillantises». (MOLIÈRE, Amp[hitryon], III, 6).
VALANT. Vaillant, ce qu'une personne possède de biens. Valant et vaillant se disaient indifféremment l'un pour l'autre dans l'ancienne langue: Il n'a pas un sou valant ou il n'a pas un sou vaillant; il ne possède pas pour la valeur d'un sou: «N'as-tu pas vaillant un vielz Sorien?» (Roman de la Rose, v. 5460); «N'as-tu pas de goût valissant une paille?» (Raoul de Cambrai, XIIe siècle); «Plaignez l'amant fidèle, / Délicat et galant, / Qui pour prom'ner sa belle / N'a pas un sou valant». (Chanson acadienne); «Au XVIIe siècle, on hésitait entre vaillant et valant. La province disait valant, Paris disait vaillant. C'est Paris qui l'a remporté». (LITTRÉ). Nous continuons de dire comme la province, valant. «Sire bien plaire / Vous doit ce mandement; sans falle, / Vous irez vaille que valle». (Rom[an] du Chast[elain] de Coucy, v. 6535). Valant est, régulièrement, le participe présent du verbe valoir.
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