VALEDRAGUE (À la). À l'abandon: Tout s'en va à la valedrague sur sa terre. En valedrague est une expression maritime.
VÂLET. Valet. L[e] â de vâlet est très ouvert en Acadie; il est fermé à l'Académie. Notre prononciation incorrecte aujourd'hui était la bonne dans la très vieille langue: «Je sui vaslez, vous estes chevalier». (Ronc[evaux], p. 187). Les syllabes en a qui, à cause du s étymologique, s'écrivait as dans l'ancienne langue, prennent aujourd'hui un accent circonflexe. Or valet, qui a été formé sur le bas latin vasaletus et qui s'écrivait originairement vaslet, devrait s'orthographier vâlet. La graphie valet, vallet et varlet (cette dernière a été conservée en anglais) est le fait de scribes peu versés en racines étymologiques.
VALEUR (C'est de). Loc. C'est regrettable, c'est malheureux. C'est des Sauvages, d'après La Hontan (Mémoires de l'Amérique [septrionale, ou la suite des voyages de M. le baron]), que nous tenons cette locution: «Lorsque les missionnaires ou les Français du Canada proposaient aux Sauvages quelque chose de conséquence, pour ne pas se compromettre ceux-ci répondaient: C'est de valeur». Pour la valeur se dit pour espace de temps: Il est resté sans connaissance pour la valeur de vingt minutes.
VALEUREUX. Dérivé de valeur, ce mot, à l'Académie, est plutôt un terme militaire, signifiant brave, vaillant. Ici, valeureux se dit pour fort, puissant: C'est un homme valeureux.
VALOIR. Ce verbe donnait, au participe présent, dans l'ancienne langue, valant, vaillant et valisant. Nous disons valant. Il a cent piastres valant. La valeur d'un homme se mesure en France à son mérite, à son avoir
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intellectuel et moral; en Angleterre et aux États-Unis, à la somme d'argent qu'il représente: «Je sais qu'il vaut beaucoup, étant sorti de vous», dit Corneille dans Le Menteur (acte II); «That man is worth $100,000», dira un Américain. Nous commençons à supputer la valeur d'un homme d'après l'étalon anglais et américain.
VANDOU. (Prononcé vanndou). Vente à la criée, encan. De l'anglais vandoo, même sens. C'est l'ancien mot français vandue, prononcé à l'anglaise: «Mettre une exposition de vendue». (Lettre patente de 1363, Le Héricher). Le mot remonte aux [Lois de] Guillaume le Conquérant. Nous l'avons pris des Anglais, après la cession de l'Acadie à l'Angleterre. On dit vende pour vente en Berri. Il y avait, au moyen âge, en roman, venduta, à côté de vandita. Le premier a donné vendue, le second vente. Le provençal a venda et l'italien vendita: «Vendue, qui se prononçait vindue, est encore en usage dans la Normandie, la Flandre, le Tournaisais, le Montais». (GODEFROY).
VANNEUSE. Machine à vanner le grain. Mot de formation contemporaine.
VANNOUER. (Prononcé vannoué). Vannoir, van, appareil à vanner le grain. Le mot nous vient de France.
VANNURES. Ce qui reste après que le grain a été vanné.
VANTEUX. Qui se vante.
VAPEUR (Un). Bateau à vapeur.
VARANGUE. «Équarrir un membre ou une varangue». (De L'Évangéline, journal acadien).
VARDANT. (Pour verdant). Verdoyant, verdissant: Le foin est verdant.
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