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VARGER
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VENIR

   VARGER. (Pour verger). Littéralement, frapper avec une varge (verge), frapper à tour de bras: Varge-le; Il l'a vargé; il l'a bien battu.

   VARGNE. Vergne. C'est la voyelle a substituée à e devant la liquide r. Les gens du midi de la France prononcent comme nous.

   VARLOPER. Dresser, raboter du bois avec une varlope.

   VARNUSER. Muser, flâner.

   VASER (Se). S'enfoncer dans la vase pour hiverner, en parlant des anguilles. C'est un terme maritime: L'anguille s'est vasée à cet endroit de la rivière.
   Couvrir de vase: Il s'est tout vasé; Il a vasé son habit.

   VAUTRER. (voir wêtrer): «Seul avec moy, elle avec sa partie, / Moy en ma peine, elle en sa molle couche, / Couvert dennuy je me vaultre en l'ortie». (Du poème de Maurice Scève, paru en 1544).
   Les Canadiens et les Normands disent valtrer pour vagabonder, courir par monts et par vaux.

   VA-VITE. Avoir la va-vite, c'est avoir la colique: «N'apportez point de vin nouveau, / Car il fait avoir la va-tost». [La Farce de Maître Pathelin], (Testament de Pathelin), [adaptation].

   VEILLER. Se dit aussi pour passer la soirée chez quelqu'un: Venez donc veiller cheux nous, dimanche au soir; J'ai veillé chez Pierrot, hier à soir; Je veille à la maison, de soir.
   On dit de deux amoureux qui passent la veillée à se le dire [qui se fréquentent — et ils se fréquentent le soir —] qu'ils ont veillé ensemble.

   VELÀ. Voilà: Le velà qui vient; «Le velà qui va être pendu». (Lucas à Martin dans Le Médecin malgré lui de Molière, acte III, scène LX).
   VÊLAGE. Action de vêler.

   VÊLÉE. P. p[assé] du verbe vêler: une vache vêlée, une vache qui a eu un veau.

   VELIMEUX. (Prononcé vlimeux). Vénéneux.
   Vénéneux et velimeux se disaient également au XVIe siècle. Cette forme appartient à l'ancienne langue: «Plus enflée qu'ung vlimeux escarbot». (VILLON).
   Dans plusieurs autres mots de la langue la consonne n s'est muée en l et quelquefois en r. On trouve léolime pour léonin, dans Des Quatre Tenz d'aage d'ome, [Quatre âges de l'homme], v. 232. Le vieux français avait velin pour venin et aussi verin. On dit encore velin pour venin en Normandie. En italien également, le mot à deux formes, veneno et veleno; velimeux en provençal.
   Les Canadiens font une grande consommation de ce mot: «C'est un vlimeux», diront-ils. Ils l'emploient quelquefois presque en bonne part: T'es ben vlimeux! pour tu es bien extraordinaire. Un lac, dans la province de Québec, porte le nom de Lac Vlimeux.
   On dit vriment en Berri. On a distingué au XVIe siècle, au temps où Aristote régnait en maître, entre vénéneux et velimeux. Vénéneux se disait pour les serpents, velimeux pour les plantes.
   Vénéneux n'apparaît qu'au XVIe siècle. Jusque-là vénimeux s'est dit des végétaux aussi bien que des serpents: «Et n'estoit le coup mortel, si non pour le velin, car le dart estoit envenimé». (ARRAS, [Roman de] Mélusine).

   VENIR. V. n. Fait venu, au prétérit, et aussi venit.
   C'est ainsi que ce verbe se conjuguait dans l'ancienne langue: «Il s'en venist à d'Amiette». (JOINVILLE); «Fut mandé le comte d'Erminacq qu'il venist atout la pluz grande puissance qu'il paroit finer». ([La Vie de] s[aint]




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.