tienne, Nicot, le Roman de la Rose, les Narbonnais, La Fille du comte de Pontieu, Eust. Deschamps, La Panthère d'Amour, [Le Livre des 100] ballades, Dolopathos, Montaigne, La Bruyère, La Tour, etc. Bref, tous les auteurs anciens l'emploient dans ce sens, soit qu'ils écrivent voir ou voire. J'ai entendu des Canadiens dire: pour vrai, dans à peu près le sens que nous donnons à pour voire. Voire, substantif, s'est dit pour vérité dans la vieille langue: C'est la voire; Disant que voir pour en vérité: Voir mais pour à la vérité; Jurement à voire pour affirmation de la vérité. Il est fort probable que la locution: tirer les vers du nez, ne soit autre chose que tirer la vérité du nez de quelqu'un. Ver, la vérité, s'écrivait vers au cas singulier dans l'ancienne langue. Le mot, alors, s'écrivait voir, voire, veir, ver, vers, veirz. Le provençal a ver pour vrai. Notre locution pour voire se retrouve dans les meilleurs auteurs classiques du Grand Siècle: «Je voudrais bien, pour voir, que de votre manière vous en composissiez la même matière». (Le Misanthrope, acte I, scène II); «Ayez recours, pour voir, à tous les détours des amants». (Georges Dandin, acte I, scène VI). Et de nos jours: «Écoutez voir ce monsieur qui résume sa pensée dans une espèce d'alexandrin». (CLAUDEL. Réflexions sur le vers français); «Rabattez-vous, pour voir, sur la Sorbonne, vous y recevrez la même réponse». (GENIN, Récréations phil., p. 39). «Dis voir qu'a fait, dis voir, grand-père». (NIGOND). Du Canada Français (nov. 1920): «Pour voir. Loc. elliptique employée avec un sens de défi, ou pour inviter quelqu'un à se mesurer avec soi. Ex. Approche donc, pour voir! Viens-y donc pour voir! Pour voir qui de nous deux l'emportera». Nous donnons à cette locution le même sens en Acadie.
VOIRIE (À la). Loc. Au rebut, à la traîne: Il a laissé sa chaloupe à la voi-
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rie tout l'hiver, et ce printemps elle est toute ébarouie.
VOITURIER. Charron. À l'Académie un voiturier est «celui qui fait le métier de voiturer».
VOLIER. Vol, volée: J'ai vu passer un volier d'outardes.
VOLONTIERS. S'emploie parfois comme adjectif: C'est un garçon bien volontiers pour bien disposé, bien accommodant; Je suis volontiers d'y aller, je suis consentant, bien disposé. C'est le willing des Anglais, de bonne volonté. Volontiers, adjectif, remonte à la période de la langue française qui précède la formation des adverbes terminés en -ment, comme volontairement. On trouve volontif dans l'ancienne langue. On y trouve aussi le féminin volonteuse.
VOTE. Votre. L[e] r tombe dans la prononciation. Il tombait également en France au XVIIe siècle et avant. C'est la graphie qui l'a rétabli.
VOUS (En). Loc. Parler en vous à quelqu'un, c'est ne pas le tutoyer. En Acadie, aussi bien qu'en Bretagne, les plus jeunes ne disent jamais tu aux plus âgés, même entre frères et soeurs. Les époux ne se tutoyent pas non plus, entre eux. Il va sans dire que les enfants portent respect, c.-à-d., parlent en vous à leurs parents. Je devrais dire parlaient, car le tu de la Révolution française nous envahit. Il nous arrive du Canada.
VOÛTE. Le mot a gardé le sens de caveau qu'il avait, je crois, dans la langue primitive; sens que le terme anglais vault a conservé.
VOYAGE. S'entend pour charge de voiture: un voyage de foin, de bois. Un gros voyage, c'est une lourde charge. Se dit aussi pour fois: J'ai été à Québec deux voyages; Avez-vous commis ce péché bien des fois, mon enfant?
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