W. Le Dictionnaire de l'Académie nous dit que la consonne w se prononce double-vé en français, mais qu'elle ne fait pas partie de l'alphabet. Elle fait partie de notre alphabet à nous, et nous prononçons double-you. De fait, il n'y a pas deux v dans w, mais deux u, si nous en croyons les Anglais eux-mêmes, qui disent comme nous (ou nous comme eux) double u, u se prononçant you. W faisait un peu partie de l'ancien alphabet français. On trouve wardet pour gardait, au moyen âge, waires pour guerre, dans [Histoire de] Saint Louis [Joinville] et saint Bernard l'emploie souvent à la place d'un g dur. La principale raison pour laquelle le v s'est confondu avec u, c'est que, jusqu'à une date assez récente, les deux lettres s'écrivaient de la même manière et que le sens du mot seul permettait de les distinguer l'une de l'autre. «Le v latin avait sensiblement le son du w anglais», nous dit Dauzat. Vinum se prononçait ouinum ou winum. Cela est bien possible, mais il n'a ni celui du v français, ni celui du u. Le w anglais est plutôt une voyelle qu'une consonne; il donne en français le son de la diphtongue ou plutôt de la triphtongue oui, dans wë. Il avait apparemment ce son-là dans le très vieux parler français. «Oui, que tant de gens prononcent voui», nous dit F. Génin, dans ses Récréations philologiques. Oui se prononce par les Acadiens exactement comme le we en anglais. Nous disons aussi: oisin, ouèture, oir pour voiture, voir, voisin, en donnant à v la prononciation qu'il avait apparemment en latin. Si le w avait été conservé dans l'alphabet français, nous n'aurions pas à
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recourir à la diphtongue ou pour en reproduire le son, aussi bien que celui du v latin. Nous prononçons ouagon le mot anglais wagon, que les Français de France disent vagon. Le son oui se rencontre assez fréquemment dans le vocabulaire des indigènes du Canada et de l'Acadie. Pour le rendre, les premiers missionnaires se servent du chiffre 8, le w anglais étant entaché d'hérésie.
WAGON. Le mot se prononce ici ouagon, comme en anglais, et non pas vagon, comme en France.
WARWARI ou OUAROUARI. Vacarme étourdissant, tintamarre: Il y avait un tel warwari dans la salle qu'on ne pouvait pas entendre l'orateur.
Warwailli, en Picardie, se dit pour le bruit que font deux chiens qui se battent. En Anjou, une foule qui se presse en se bousculant, est un hourwari. On appelle hourvari, aux Antilles, une bourrasque mêlée d'orages. C'est évidemment une onomatopée.
WAWARON. Subst. masc. Rainette. Onomatopée (voir ouaouawaron).
WÊTRER ou OUÊTRER. Faire la sieste. Après le dîner du midi, les ouvriers des champs, lorsqu'il fait chaud, font un léger somme avant de reprendre le travail. Ils se ouêtrent: Ouêtrez-vous, mes enfants. Se dit aussi pour tout repos pris entre les repas: Entrez vous ouêtrer une minute. Selon toute apparence, ouêtrer est le même mot que vautrer. Les pauvres métayers de l'ancien régime, que La
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