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WÊTURE
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WOH!

Bruyère pouvait avec peine distinguer des animaux de la ferme tant ils étaient miséreux, se vautraient souvent avec le bétail pour prendre un peu de repos.
   Je trouve le mot nulle part dans les écritures, mais il subsiste apparemment en France, puisque Alexandre Dumas ([Joseph] Balsamo, chap. XXXI) l'emploie encore: «Qu'y a-t-il, demande-t-elle, effrayée de voir que Jean s'était vautré tout du long sur un sofa». Vautré fait ici exactement le même emploi que wêtré; c'est le même mot.
   C'est un de ces mots aborigènes que la basse latinité s'était incorporés, comme nous incorporons ici les vocables anglais que nous rencontrons sur notre route.
   Ouêtrer a dû s'écrire tout d'abord avec un g ou w puisqu'il est originaire de l'Allemagne. Le g et le w des idiomes germaniques donnaient v à la langue latine et ce v se prononçait comme le w anglais d'aujourd'hui, c'est-à-dire, ou.
   WÊTURE ou OUÊTURE. Voiture. Cette manière de prononcer le v subsiste encore en Poitou et dans d'autres provinces de France.

   WÈYAGE ou OUÈAGE. Voyage.

   WIGWAM. «Cabane d'écorce servant d'habitation aux sauvages». (CASGRAIN).

   WOÈRE ou OUÈRE. Voir. Les Latins donnaient à v dans videre le son de ou: oui-de-re. Cette manière de prononcer le v a survécu dans certaines provinces de France: «Quand il venait my woir / S'assiait sus mes genoux». (Chanson angevine, citée par A. J. Verrier [et Onillon]).

   WOH! Cri à un cheval pour qu'il s'arrête. Nous l'avons peut-être pris de l'anglais, mais coïncidence singulière, en Anjou les paysans disent ouha! à leurs chevaux pour les faire arrêter.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.