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Z

   Z. Dernière lettre de l'alphabet. Z n'existe en latin classique que dans les mots empruntés au grec: zelosus par exemple, dont nous avons fait jaloux.
   Le z français est surtout une lettre euphonique, servant de liaison entre les mots, qu'il rend plus doux et dont il écarte les hiatus: «Ce n'est qu'un signe orthographique pour noter la succession des consonnes c et s», nous dit Darmesteter (vol. I, p. 121, Note). Ménage met ses contemporains en garde contre certaines liaisons, comme les quatre-z-eléments, mille-z-obligations, «fautes de langage, dit-il, que commettent les dames les mieux chaussées».
   Chez le peuple, qui n'épelle pas les mots en parlant, pour qui les t, les l, les s n'existent que lorsqu'ils se font entendre dans le langage parlé, ces liaisons fautives ont existé de tout temps et existent encore. On disait les quatre-z-élément, au temps de Ménage; le peuple de Paris dit les quatre-z-arts, au nôtre.
   Plusieurs t euphoniques, datant de très loin, ont été conservés dans le beau langage. Les uns, comme dans di-t-il, représentent le t du radical latin, dixit; d'autres, comme a-t-il, ne représentent rien du tout; ce sont des lettres adventices, tout simplement, introduites dans l'économie du mot pour des fins d'euphonie. Dans mon épée, n est une lettre de liaison servant à amortir l'hiatus qui résulterait de ma épée.
   Nous disons cent-z-hommes, les grammairiens, deux cents hommes; le son de la liaison est le même. C'est véritablement un z dans les deux cas: Cent-z-hommes, deux cents-z-hommes. Il n'y a pas ici de s. L[e] s ne prend le son de z que lorsqu'il est placé entre deux voyelles: fantaisie, sosie. Ici, [cent hommes] le second s se trouve placé entre une consonne, (le t
de cent) et une voyelle, (omme), le h s'élidant.
   Un Académicien dira: un gros-z-homme parce que, avant de prononcer le mot, il l'épellera mentalement et qu'un s le termine. Le peuple, qui n'épelle pas ses mots avant de les prononcer, dira aussi bien — pour éviter l'hiatus et adoucir le choc des deux o — un gro-t-homme qu'un gro-z-homme. C'est ce que nous faisons.
   Nous disons: Donne-moi-z-en pour donne-m'en; neu-z-arpents pour neuf arpents; un gro-t-arbre pour un gro-z-arbre. Nous disons aussi: quatre-z-yeux. Cela n'est pas pire que: entre quatre-z-yeux, qui a trouvé grâce devant l'Académie ou que: «J'lai vu porter en terre par quatre-z-officiers», de la chanson de Malbrouck.
   Z entre toujours en liaison après avec, suivi d'une voyelle: avec-z-eux, avec-z-elles. On trouve avec-z-elles dans G. Sand. La lettre z a joué, dès l'origine de la langue, un rôle que l'Académie ne lui reconnaît plus: «Jhesus cum videra les Judeos / Zo leur demandet que querent (ce qu'ils cherchent); /   Il li respondet tuit adun (tous ensemble): / Jhesum querem Nazarenum. / Eu soi aquel, zo dis Jhesus», Je suis lui, leur dit Jésus. (Traduction de la Passion, l'un des plus anciens monuments de la langue).

   ZABELLE. Nom propre. Abréviation de Isabelle. L'ancien francais avait Zabette pour Élizabeth. On trouve Elizabel dans La Tour.

   ZIRABLE. Qui fait zire, qui est dégoûtant (voir zire).

   ZIRE. Dégoût profond: Ça fait zire; Ce plat me fait zire; Elle fait zire dans sa robe sale et écoeurante.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.