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FAIRE (— NAÎTRE)
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FEMME (— DE JOURNÉE)

   FAIRE (— NAÎTRE). Insinuer, laisser entendre. Il m'a fait naître qu'il serait content de ce mariage; Il ne me l'a pas dit, mais il me l'a fait naître.
   On disait à Paris au XVIIe siècle: Il a une heureuse naissance pour les affaires. «J'ai déjà fait naître à Madame de Maintenon une grande envie de voir de quelle manière vous parlez de Saint-Cyr». (Lettre de Boileau à Racine).

   FAIRE (POUR BIEN —). Loc. adv. Sagement, raisonnablement: Pour bien faire, je devrais y aller; Je devrais, pour bien faire, ne pas m'occuper de lui; «Ainsi furent morts et meurdris (tués) ces deux vaillants hommes riches et sages, et, pour bien faire, à l'intention de plusieurs gens». (FROISSART); «Le monarque des Dieux s'avisa, pour bien faire, / De transporter le temps où l'aigle fait l'amour, / En une autre saison». (LA FONTAINE, [Fable], «L'Aigle et l'Escarbot»).

   FAIRE (QUOI —?) Pourquoi?: Viens me voir. Quoi faire?; Quoi faire qu'il ne vient pas?; «Vous leur prestez la main, à quoy faire?» (MONTAIGNE).

   FAIRE (— SEMBLANT). Simuler, feindre. Nous employons cette locution absolument, comme dans ce vers de Nigond: «Ayant point d'corde à (eux) fait semblant». Il n'est pas fâché du tout: il fait semblant. Nous disons aussi: Il fait semblant comme si... «Tristan faisait semblant comme s'il dormait». (Le Tristan de Béroul).

   FAIRE (S'EN — ATTENIR). Voir attenir.

   FAIRE (— SES BEAUX DIMANCHES). (En).

   FAIRE (— SES COMPTES DE). Se proposer, avoir l'intention de. Je fais mon compte d'y aller. S'entend aussi comme dans les vers suivants:
«Tu sais bien que partout un chacun fait son compte / Qu'ils nous ont affrontez, ce qui est grande honte». (Ancien théâtre, fr[ançais], vol. VIII, p. 266).

   FAIRE (— SES DÉVOTIONS). Faire ses pâques.

   FAIT (ÇA — IL). (Prononcé i). Compassion! C'est navrant. Nous disons: Ça fait-il? pour est-ce suffisant? Ça fait, c'est assez.

   FAIT (ÇA — QUE). Il s'en suit que, de sorte que: Je l'ai encouragé; ça fait qu'il y est allé; Ça fait que Perron avait Gautonné pour lui [?].

   FAIT (COMME DE —). (Le t sonne). Se dit pour confirmer, pour appuyer une assertion. Les Canadiens disent plutôt, dans le même sens: Comme de raison, comme de juste. S'emploie beaucoup dans les récits, contes ou histoires: Comme de fait, il y était; «Et de faiet — il le tinst et le fist». (BRANTÔME, [Vies des hommes illustres et des grands capitaines], «Charles Quint»).

   FAIT (SI —). Formule d'affirmation fort courante en Acadie, oui, si. Certains grammariens du XVIIe siècle ont condamné cette locution, l'estimant dure et mal polie. C'est tout le contraire qui est la vérité: «Si fays très bien, seigneur, répondit le compaignon». ([RABELAIS], Pantagruel).

   FAUT (COMME IL —). (Prononcé comme i faut). C'est un homme comme il faut, c.-à-d., probe et honnête, bien élevé; Il est habillé comme il faut: élégamment, convenablement.

   FAUT (— IL!) Exclamation: Faut-il qu'il soit bête! Se prononce faut-i.

   FEMME (— DE JOURNÉE). Voir journée.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.