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PEU (UN TANT SI —)
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PIEDS (— POUDREUX)

L'ouvrage avance par les petits; Il commence à travailler par les petits; Il s'enrichit par les petits.
   La première mention que l'on connaisse de cette locution, vieille comme la langue, est perpetita, qu'on trouve dans les Gloses de Reichenau, antérieures au Serments de Strasbourg.
   Cette locution n'a jamais été bien comprise par les linguistes parce qu'elle n'est jamais entrée, l'on peut dire, dans les écritures, et qu'elle a disparu ou à peu près des parlers dialectaux. Elle est d'un emploi universel parmi les Acadiens. Comment perpetita s'est-il mué en par les petits? L'explication est assez facile, ça me semble. La préposition par, conservée dans les Serments est devenu de bonne heure par, en français. Nous trouvons par dans [la Cantilène
de sainte] Eulalie et dans la Chanson de Roland aux Xe et XIe siècles.
   Perpetita, par conséquent, a d'abord donné parpetita. Parpetita est un pluriel neutre. L'orthographe des pluriels n'est pas absolument fixée au IXe siècle. (À la date où se rapportent les Gloses, les articles le, la, les n'étaient pas encore entrés dans la langue, au moins dans les mots indéterminés. L'article appartient aux idiomes celtiques, quoiqu'on le trouve dans le bas-latin, voire dans les Georgiques de Virgile.
   Quand l'article fut entré définitivement dans la langue, parpetita, ou parpepetit, dut se scinder en par-petit, pour devenir, avec l'article les, par-les-petits. L[e] s final aujourd'hui, marque à peu près universelle des pluriels, est l'oeuvre des grammairiens, et n'est entré, comme tel, qu'assez tard dans la langue.
   On peut conclure de tout ceci que la locution acadienne par les petits est sortie régulièrement du perpetita des Gloses de Reichenau. Quand a petit lui-même, c'est, à n'en pas douter, un mot celtique.

   PEU (UN TANT SI —). Tant soit peu. Si que se disait pour autant que
au XVIe siècle: «Ce mot de Capitaine estait et est si sacré que le soldat qui offenserait seulement si peu un Capitaine estait grièvement punny». (BRANTÔME, Discours sur les duels). Ailleurs il dit: Si très tant, pour tellement.
   Les locutions si peu que, le peu que étaient courantes au XVIe siècle: «Si peu que j'ai d'espoir ne luit qu'avec contrainte». Tant si peu s'entend encore en Berri et dans d'autres provinces du centre de la France.

   PEUR (ÇA FAIT —). Même sens que ça fait trembler (voir cette locution). Les Canadiens disent dans le même sens: C'est effrayant.

   PEUT! (SI ÇA SE —). Exclamation: Il dit qu'il a métivé un arpent et demi de blé dans sa journée. Si ça se peut!

   PIC (À —). Au figuré, susceptible, irritable: Il est à pic ce matin.

   PIÈCES (— SUR PIÈCES). Terme de construction.
   Une maison bâtie pièces sur pièces est une maison bâtie de pièces de bois rond, posées les unes sur les autres et faites en queue d'arande aux encoignures.

   PIED (ALLER DE SON —). Voir aller.

   PIED (FAIRE LE PETIT —). Voir faire.

   PIED (LEVER LE —). Voir lever.

   PIEDS (AVOIR LES QUATRE — BLANCS). Être toujours excusé, jamais blâmé: Les hommes ont toujours les quatre pieds blancs, tandis que les femmes...

   PIEDS (DONNER DES — À QUELQU'UN). Voir donner.

   PIEDS (— POUDREUX). Dire d'une femme qu'elle a les pieds pou-




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.