I. L'homme
Né à Shédiac (N.-B.) en 1852 et mort à Ottawa en 1933, P. Poirier fut un grand Acadien
4. De 1866 à 1872, il fréquenta le Collège Saint-Joseph de Memramcook. Ces années furent déterminantes dans sa formation, non seulement par l'enseignement qu'il y reçut, mais aussi par les liens d'une amitié fondée sur une estime réciproque, qui s'établirent entre le jeune homme et le père Camille Lefebvre. Ce dernier ne cessa de donner des conseils à P. Poirier qui lui rendit hommage dans un volume,
le Père Lefebvre et l'Acadie (1898), où figurent ces mots: «C'est au père Lefebvre que je dois ma carrière et mes honneurs
5». En 1872, sur la recommandation du fondateur du Collège, il fut nommé maître de poste à la Chambre des communes d'Ottawa. Au cours de l'été 1876, il se rendit dans les régions aca-diennes du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Cap-Breton, si bien qu'il fut l'un des premiers Acadiens à avoir visité presque toute sa patrie et à connaître la situation globale de ses compatriotes. Ce voyage lui donna aussi l'occasion, pour reprendre une expression bien actuelle, d'«aller sur le terrain» et d'observer comment ses compatriotes des autres régions s'exprimaient. En 1885,
il fut nommé sénateur, à titre de représentant des Acadiens du Nouveau-Brunswick, et tint ce rôle jusqu'à sa mort. Il participa activement à une institution acadienne, la Société nationale l'Assomption, ligue créée pour la défense des intérêts collectifs, dont il fut d'abord secrétaire, puis président de 1884 à 1904. En outre, il fut l'un des principaux organisateurs de la première Convention nationale des Acadiens, tenue à Memramcook en 1881. Il se mêla aussi à la longue lutte que mena le peuple acadien pour obtenir un représentant dans la haute hiérarchie catholique, et, en 1912, il eut la joie de voir le Vatican élever un Acadien à la dignité épis-copale avec la nomination d'Édouard LeBlanc comme évêque de Saint-Jean (N.-B.).
Dans la défense de la cause nationale, P. Poirier s'attacha particulièrement aux problèmes de l'éducation et de la culture. Il eut ainsi un rôle important dans le développement des écoles paroissiales de langue française, dans la création de caisses scolaires, dans l'obtention de livres scolaires et d'allocations pour l'enseignement du français. Il écrivit de nombreuses études sur l'histoire de l'Acadie et sur le parler franco-acadien. Parmi ses travaux majeurs figurent
le Parler franco-acadien et ses origines (1928) et le
Glossaire acadien6. Il fut membre de plusieurs associations et institutions, notamment de l'Institut canadien français d'Ottawa, de la Société royale du Canada et de la Société de minéralogie de l'Université d'Ottawa, pour lesquelles il donna des conférences et rédigea des articles. On peut enfin mentionner que de nombreuses revues publièrent ses articles, dont
le Foyer domestique,
l'Opinion publique,
la
Revue canadienne,
les
Nouvelles Soirées canadiennes,
la
Revue franco-américaine,
l'Assomption, le
Bulletin de recherches historiques et la
Pensée de France.