«Deux fois le feu a détruit mon travail. J'ai recommencé après chaque incendie, et je viens aujourd'hui avec une abondante moisson [...]
20».
On peut se faire une idée de l'important travail préparatoire de P. Poirier, grâce à deux liasses de fiches manuscrites
21 rédigées sur des feuilles (certaines portant la marque du Sénat) coupées ou pliées en trois ou en quatre (alors que les fiches mêmes du
Glossaire sont faites à partir de demi-pages numérotées): elles constituent une sorte de fichier de travail que l'on peut faire remonter, grâce à des dates figurant à l'endos de certaines d'entre elles, d'août 1914 à octobre 1919: la première liasse comporte 561 fiches contenant de nombreuses références à des auteurs comme Froissart, Rabelais et Montaigne, à des linguistes comme G. Paris, A. Meillet, F. Brunot, et à d'anciens dictionnaires comme ceux d'Estienne, de Palsgrave et de Cotgrave, et sont regroupées sous les rubriques suivantes: anglicismes, prononciation, orthographe, étymologie; la deuxième liasse contient 351 fiches regroupées autour des vedettes suivantes: sauvage, sémantique, polémique, patois. Les deux paquets renferment aussi de nombreuses fiches proprement lexicographiques qui contiennent de simples titres, de brèves définitions ou de courts exemples ou encore quelques coupures de journaux. Cet ensemble, qui a peut-être échappé à l'incendie de 1916, a servi à l'auteur à produire plusieurs travaux, mais est trop général et étendu pour avoir été employé exclusivement à la rédaction du
Glossaire acadien.
La deuxième série d'états du texte est constituée par des fragments du manuscrit définitif autographe, désigné au moyen du sigle
A, et que nous estimons avoir été rédigé entre 1917 et 1933
. Or, l'existence même de ce manuscrit est confirmée par le père René Baudry, dans un article daté des 12, 13 et 14 juin 1952: «Son manuscrit, heureusement, était achevé. Déposé d'abord au secrétariat social, il fut ensuite mis en sûreté dans les voûtes de
l'Évangéline par J.-Thomas LeBlanc, puis confié à l'Université Saint-Joseph
22». Plus loin, dans le même texte, il précise qu'«un linguiste américain, Ernest F. Haden, en avait fait prendre une copie photographique
23», et ajoute que seule la partie non pu-