bliée dans
l'Évangéline est manuscrite: «La partie inédite était demeurée manuscrite et la partie publiée dans le journal renfermait quantité d'erreurs». Il est loisible de penser que les fiches manuscrites ont été détruites après l'impression journalistique du texte correspondant, cette présentation matérielle rendant le texte plus lisible et plus achevé. N'ont survécu du manuscrit que quatre liasses de fiches lexicographiques
24. La première (
A1) comprend 49 fiches numérotées de 78 à 126 et allant de
barré à
bebel. La plupart des fiches ne sont employées que d'un côté pour cette oeuvre, le recto est souvent un extrait d'un autre travail, probablement une série de brouillons du
Parler franco-acadien et ses origines. La seconde (
A2) contient les unités lexicales commençant par la lettre
D et numérotées de 1 à 200. Il faut dire que cette tranche avait été égarée par l'auteur, d'où cette note sur la première fiche: «Les premières 200 pages (qui étaient perdues). Bon à tirer. P.P.» La dernière mention est importante, car elle indique que, pour l'auteur, même en l'absence d'épreuves, la pile de fiches constitue l'état définitif de son texte. C'est en même temps le dernier état de l'avant-texte, état autographe, état quasi-final qui précède la phase éditoriale, l'impression de la première édition. C'est ce qu'on appelle «le moment du manuscrit définitif». On doit ajouter que l'épisode de la perte de cette section de l'oeuvre nous est connu grâce à une lettre de Ferdinand Robidoux à l'auteur, datée du 27 janvier 1928, qui contient cette précision: «Je vous envoie sous un autre couvert une partie du manuscrit du
Glossaire à partir de
D jusqu'à
délivrer d'un envoûtement. J'ai trouvé ses [
sic] feuilles dans ma voûte parmi d'autres papiers
25». On a la réponse de l'auteur, datée du 31 janvier 1928, qui laisse deviner qu'il a cherché son texte et qu'il s'était adressé antérieurement à F. Robidoux: «Je n'ai jamais douté que vous retrouveriez mon manuscrit, car il n'était pas possible que vous l'eussiez détruit. Je suis tout de même heureux de le ravoir
26». La troisième liasse appartient au même fonds que la première; elle est peu épaisse car sa pagination va de 10
bis à 29, et les unités lexicales de
quanque à
quoique ça. La quatrième liasse du manuscrit est assez réduite elle aussi: elle comprend des fiches lexicographiques d'unités commençant par la lettre
R, allant de
rebéquer à
rehaler, et numérotées de 122 à 156. Les manuscrits autographes originaux représentent l'état du texte qui détient la plus grande autorité. Aussi dans l'établissement du texte de l'oeuvre de P. Poirier, les unités consignées dans les quatre liasses manuscrites (au total 305 fiches) se retrouvent-elles toutes intégralement dans le texte de base.
La troisième série d'états du texte correspond à la phase éditoriale de la genèse textuelle du
Glossaire acadien, et deux éditions journalistiques publiées du vivant de l'auteur se rangent dans cette catégorie. Ces dernières offrent un grand intérêt, car elles attestent le rôle de la presse et sa fonction didactique dans l'institution littéraire acadienne, en l'absence de maisons d'édition
27; elles sont regroupées sous la désignation
B. La première (
B1) est celle du