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Le Glossaire acadien

série d'articles qui contiennent de très nombreuses inconstances et irrégularités tant dans la sélection des entrées que dans la présentation des éléments de définition. À cela s'ajoutent l'absence de renvoi d'un article à un autre et la présence de redondances, l'auteur accordant à la même unité plusieurs entrées en raison de variations graphiques, ou la faisant figurer à la fois parmi les unités simples et les locutions. Il faut ajouter que l'auteur est conscient des limites de son oeuvre: c'est précisément pour cette raison qu'il lance, dans les deux états de l'«Introduction» au Glossaire (B1 et B2), une invitation au lecteur à collaborer à son entreprise. D'ailleurs lui-même s'est adressé à maintes personnes pour obtenir des renseignements, et avait des échanges épistolaires avec des spécialistes, tels Adjutor Rivard et Hector Carbonneau. Dans une lettre datée du 7 février 1928, il demande à Placide Gaudet de faire une lecture critique de son texte: «[...] Je mets la dernière main à mon Glossaire. Écris-moi donc des observations là-dessus. Plusieurs de mes définitions doivent pécher. Rectifie. C'est une question nationale. Et recueille pour moi tout ce que tu pourras de mots nouveaux et d'acceptions nouvelles. Je t'en remercierai bien sincèrement. Pascal70». Dans une autre lettre, en date du 18 avril 1928, on voit P. Poirier reconnaître qu'il a omis de prêter attention aux critiques de son correspondant: «Je te remercie pour la lettre que tu m'as écrite. La raison pour laquelle je n'ai pas tenu compte des justes observations que tu m'avais faites, c'est que les observations n'avaient pas été mises en écrit, et que je les ai oubliées71».

     Dans la sélection des entrées sont intervenus certains critères non explicités mais que nous pouvons définir après un examen des articles. L'auteur accorde aux noms propres une place assez importante dans le Glossaire acadien, puisque ces derniers forment 71 entrées, la plupart étant des toponymes, des noms de peuples et des prénoms, auxquels s'ajoutent d'autres noms propres, une vingtaine, qui figurent à l'intérieur d'articles où ils sont décrits et présentés, et qui méritent par conséquent d'être cités avec les précédents (quand le mot ne constitue pas une entrée lexicale distincte, mais figure dans un article, ce dernier est noté après lui):

Abram, Acadie, Acadien, Algonquins (passim), Amable, Amérique, Anglais, Arabi, Babette, Baston, Bastonnais, La Batture (à l'article batture), Batturiers (ibid.), Bautour, Bergitte / Bregitte, Cadie / Cady / Cadic (à l'article Acadie), Cadien ou Cadgien (à l'article Acadien), Caissie, Canada, Canseau, Cap-Breton (passim), Cap-Tourmentin (à l'article tourmentin), Caspédia (à l'article Acadie), Cayens (à l'article Acadien), Cocagne, Les Couillons, Davit, Dieu (le bon), États-Unis, Français de France, Fundy (Baie de), Gabarus, Gauvain, Glaude, Grand Dégrat (à l'article dégrat ou dégrad), Grand Dérangement (aux articles dérangement et grand), Grand-Prée (à l'article prée), Gustin, Huron, Île-du-Prince-Édouard (passim), Îles-Madeleine (passim), Iroquois, Jésus-Maria, Matapédia (à l'article Acadie), Ménoudie (ibid.),


70.   Lettre de P. Poirier à Placide Gaudet, 7 février 1928 (CEA, fonds 1.78-29).
71.   Lettre de P. Poirier à Placide Gaudet, 18 avril 1928 (CEA, fonds 1.78-31).




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.