page



Le Glossaire acadien ou le roman d'un parler régional
xxxv

Micmac, Midjic (à l'article Acadie), Nanette, Nouveau-Brunswick (passim), Nouvelle-Écosse (passim), la Nouvelle-Orléans (passim), Passamaquoddy (à l'article Acadie), Petit Dégrat (à l'article dégrat ou dégrad), Polide, Prée-d'en-Haut (à l'article prée), Sauvage, Souriquois (passim), Subénacadie (à l'article Acadie), Tanis, Terrenevain, Thanase ou Thonâsse, Tracadie (à l'article Acadie), Ucher, Ugène, Ustache, village des Abrams (à l'article Abram), Zabelle.

Or, la lexicographie établit une distinction entre les mots communs qui sont inventoriés par le dictionnaire de langue et les noms propres qui en sont exclus. Alain Rey explique clairement cette opposition, et précise la place occupée par les noms propres dans la langue:

[Le dictionnaire de langue] ne décrit, on le sait, que les mots communs de la langue, en analyse le contenu par des définitions, en illustre le fonctionnement par des exemples, mais laisse de côté les noms propres, qui désignent des individus ou des réalités individuelles. [...] Pourtant, la maîtrise de la langue exige aussi celle des noms propres, dont la description, on s'en doute, serait une tâche interminable. Si le groupe social doit maîtriser un vaste vocabulaire pour manier les concepts élaborés par la culture (on le trouve dans le dictionnaire de langue), les noms propres, eux, sont impossibles à épuiser, car ils sont aussi nombreux que les phénomènes nommés du monde réel72.

Pour sa part, L. Guilbert montre pourquoi le dictionnaire de langue ne relève pas les noms propres:

Le dictionnaire de langue ne recense pas les noms propres, anthroponymes, toponymes ou noms géographiques. Ces noms, en effet, n'ont pas de statut en langue puisqu'ils se définissent par leur seule valeur de désignation et que, mises à part certaines formes d'adaptation phonétiques et graphiques, ils ne peuvent relever que du seul système linguistique de la communauté à laquelle ils appartiennent. Les noms propres ne font leur entrée en langue que sous la forme de dérivés adjectivaux ou de désignations métonymiques [...]73.

P. Poirier a été sensible au rôle des noms propres dans le lexique régional dont ils sont partie intégrante, malgré leur présence trop discrète dans l'oeuvre (beaucoup d'autres noms propres auraient pu y figurer). Ils précisent l'identité de personnes et de lieux, ils témoignent aussi de la manière dont la collectivité acadienne se définit face aux autres peuples, dans un espace délimité. Leur


72.   Alain Rey, «Présentation», le Petit Robert 2, Paris, SEPRET, 1974, p. XI.
73.   Louis Guilbert, «Le lexique», dans L. Guilbert, René Lagane et Georges Niobey (dir.), Grand Larousse de la langue française, Paris, Larousse, 1971, p. 3020.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.