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  APPENDICES 67
qu'il m'écrivait le 28 septembre 1920, dont voici un extrait: "En réponse à la lettre que vous m'avez adressée au sujet du parc de la Grand-Prée, je dois vous dire que j'en devins propriétaire en fidéicommis, il y a à peu près dix ans. J'ai pu recueillir, au moyen de souscriptions, le montant nécessaire pour payer en partie les quatorze arpents et j'espérais pouvoir payer le montant complet en peu d'années. Avant tout, je voulais que le titre de ce terrain fut donné à trois fidéicommissaires qui représenteraient le public.

L'acte de vente mentionne mon nom comme devant être un des syndics jusqu'à ce que le gouvernement ou quelque commission ferait l'acquisition de tous les terrains historiques. Les choses en restèrent ainsi pendant plusieurs années. J'ai essayé, mais sans succès, d'intéresser les Acadiens dans ce projet, et finalement j'ai trouvé qu'il m'en coûtait trop de garder cette propriété. Le chemin de fer Dominion Atlantic refusa de dépenser de l'argent pour améliorer ce terrain, sans avoir le titre de la propriété. Entre temps, je fis quelques améliorations, j'ai érigé une croix de pierre pour indiquer l'endroit où était le cimetière; finalement, je vendis le lot à la compagnie de chemin de fer - qui en réalité est la compagnie du C.P.R. - avec stipulation qu'elle développerait le parc de manière à en conserver sa valeur historique et que les Acadiens auraient le droit de bâtir une église ou autre monument en souvenir des anciens propriétaires de la place - leurs pères. C'était mon idée qu'on devrait établir en cet endroit un monument à la mémoire de Longfellow. On aurait pu faire payer ce monument par les souscriptions provenant de ces lieux. Mais, pendant la guerre, les touristes et visiteurs devinrent très rares en ce pays et je décidai de transporter la propriété à la compagnie du C.P.R. Cette compagnie en a aujourd'hui la possession, et elle vient de prendre des arrangements avec la Société L'Assomption, en vertu desquels les Acadiens pourront employer une partie du terrain pour les fins de cette société.

Je vous envoie une photographie de la statue; à gauche on voit la croix de pierre, et à droite de la statue l'entrée du parc. L'avenue principale qui conduira au terrain sera directement en face de la statue, et mon opinion est que la face de la statue devrait se trouver vis-à-vis l'entrée indiquée dans la photographie. De cette manière elle regarderait vers le sud, où étaient les villages sur les collines. Autrefois tout le terrain qui forme le parc aujourd'hui appartenait à l'église de la Grand-Prée. Toutes les fermes acadiennes sont situées sur le versant au sud du parc.





Source : GAUDET, Placide. Le Grand Dérangement : Sur qui retombe la responsabilité de l'Expulsion des Acadiens, Ottawa, Ottawa Printing, 1922, 84 p.