page



LE PARLER FRANCO-ACADIEN
ET
SES ORIGINES



CHAPITRE I

Origine du parler acadien

Il serait possible de retrouver, par le seul examen de la langue que parlent aujourd'hui les Acadiens, la province de France d'où sont sortis leurs ancêtres.
Cette langue n'est pas un dialecte qui leur est exclusivement particulier; c'est moins encore un patois: c'est le français même qui se parlait dans la Touraine et le nord-ouest du Berry, au milieu du XVIIe siècle.
La langue à laquelle Vaugelas donna des lois; que Pascal, Racine, Bossuet et les autres principaux écrivains du grand siècle portèrent à sa plus haute perfection; que consacra l'Académie, siégeant, en 1635, pour la première fois; la langue française, enfin, que l'on entend à Paris, est née des idiomes que parlaient alors et que parlent aujourd'hui les Normands, les Picards et les Bourguigons, l'idiome de ces derniers comprenant les dialectes de l'Île-de-France et des provinces avoisinantes, la Champagne, l'Orléanais, le Berry, le Maine, la Touraine, la Franche-Comté, le Nivernais.
Le parler acadien plonge ses racines au tréfonds de cette langue; il puise sa syntaxe et ses vocables à ses sources vives.
Le français n'est pas, comme on l'a prétendu, une langue mère. C'est un dérivé; c'est ce qu'en géologie on appellerait une formation sédimentaire. La couche presque entière en est faite de latin décomposé. À la surface affleure la langue officielle qui se parle et s'écrit aujourd'hui, langue assujettie




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.