page



– 24 –


Maximien est mis pour Maximilien. Nous avons gardé Maximin.
Nous traduirions très bien : nonque chielt Qued elle fuiet lo nom Christien, par : elle ne s'inquiète pas d'abandonner le nom de chrétien. S'inquiéter a deux sens distincts, en Acadie, celui qu'on trouve au dictionnaire de l'Académie et celui de se soucier.
- Viens-tu ? - Je ne m'inquiète pas d'y aller.
- Pourquoi ne le salues-tu pas ? - Je ne m'inquiète pas de lui.
- Tu vas prendre le rhume. - Je ne m'en inquiète pas, c'est-à-dire : çà m'est égal.
Ce qui accentue l'affinité des deux mots, c'est que nous prononçons intchiéter au lieu d'inquiéter. Chielt, l'l médial tombant, et intchiéter (inquiéter) sont évidemment le même vocable.
Dans : Ell' ent adunet lo suon element, adunet pourrait se prendre dans le sens de notre expression adonner ou adonner (d'où adounance, adon, à Québec), signifiant, chance, occasion favorable, bon moment, et élément, ou alément, comme nous disons1, pour caractère, tempéramment, habitude :
Il a l'air bien fier, aujourd'hui ?
C'est son alément qui est comme çà.
Pourquoi le fait-il endêver ?
C'est un mauvais alément qu'il a.


1. – Devant les liquides 1 et r la voyelle a se substituait presque toujours à e, au moyen âge.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.