Examinons les particularités qui se rencontrent dans la conjugaison de certains verbes, en Acadie.
" Que
j'aille devient que
jalle, dans le peuple, " nous dit Dauzat.
Je soupçonne qu'il y a toujours été. Il serait intéressant, en tout cas, de savoir au juste lequel s'est dit le premier, même à la cour, que
j'aille ou que
j'alle. Les Acadiens disent que
j'alle, que tu
alles, qu'il
alle.
Assire
La manière acadienne de conjuguer le verbe
asseoir n'est pas étrangère au vieux langage. Nous disons comme Berthe, au XIIIe siècle.
" Les tables furent mises, ils
s'assirent "; avec Racan : " Tous deux
s'assirent "; avec Ronsard : " Assisons-nous sur cette molle couche... Où sur les bancs herbus les vieux pères
s'assirent ". (Amours, T. 1, p. 218).
La conjugaison française de ce verbe est plus ou moins incohérente. On voit percer l'oreille d'un
d étymologique dans je
m'assieds (du l.
assidere), à côté de je
m'assoie.
Nous conjuguons ce verbe régulièrement, à tous ses temps et modes, sur l'infinitif
assir : je m
'assis ; je
m'assisais ; je
m'assirai ; assisez-vous ; qu'il
s'assise.
Cependant, sous l'influence lointaine du roman qui avait
assezer à côté
d'asseir, ou, peut-être, du latin vulgaire
sisi, ou
sesi, pour sedi, les Acadiens disent indifféremment, au passé: il
s'assit là, ou il
s'assisit là.
Seoir, au prétérit, faisait en vieux français : Je
sis, tu
sésis ou tu
sé-is.
Au futur, nous disons : Je
m'assirai. L'ancien français disait : je
m'asserrai. Ces messieurs de l'Académie disent, aujourd'hui : je
m'asseyerai (je m'assoierai), ou je
m'assiérai.