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Assir vient de ad-sidere. Le vieux français avait seoir, seir, sedeir, seeir, seier, sir, etc.
Le participe passé assis et le substantif assises se rapprochent de la forme acadienne.
Assir et asseoir se sont longtemps disputé la suprématie. Rabelais et Montaigne emploient l'une et l'autre forme.
C'est probablement à Calvin, le grand réformateur religieux, qu'asseoir doit sa bonne, fortune, et qu'au lieu de s'assir, comme il faisait autrefois, le parisien s'asseoit, aujourd'hui. Asseoir, quoique fasse l'Académie, reste, à cause de Calvin, entaché d'hérésie.

Avoir

Plusieurs verbes se conjuguent avec avoir, en Acadie, qui demandent, aujourd'hui, l'auxiliaire être, à l'Académie, comme par exemple, dans ce vers de Desportes, condamné par Malherbe :
J'ai resté jusqu'ici pour ne point te lasser ; "
et dans celui-ci de Corneille, désaprouvé par Voltaire
" Une flèche a parti d'une main inconnue. "
Ces fautes de français nous les faisons, ainsi que cette autre, que je trouve dans d'Aubigné (Mémoires) : " Il avoit passé à Paris.
Nous en commettons d'autres encore, lorsque nous disons, avec les rois de France, du XVIe siècle, et leurs courtisans J'ai tombé, j'ai monté, j'ai sorti.
Les rois de France, en disant : j'ai monté, parlaient de " science certaine " ; nous, en disant la même chose, nous parlons " patois ", parait-il.
La conjugaison définitive du verbe avoir souleva une assez vive contreverse entre les grammairiens de France, à l'époque où la langue fut dogmatiquement codifiée. Le futur avait alors trois formes différentes : J'arai, j'avrai et j'aurai. Ce fut j'aurai qui l'emporta, quoique j'avrai, tu avras, eût été plus logique, et malgré Bède qui disait que j'aurai avait été " introduit par une ignorance manifeste. "
Nous avons gardé j'arai; nous disons, ou nous dirions avec un personnage du Théâtre du moyen-âge :




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.