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Laidir

Ce verbe a deux formes, en Acadie, laidir, et laidzir. Les deux s'emploient concuremment.
Lire

Fait lisit, au prétérit simple, comme dans Froissart : " Quand furent venus, on lisit et relisit par deux fois ces lettres."

Moudre

La forme primitive de ce verbe a été molre, du latin molere. Un d intercalaire s'y est introduit. Le français, tantôt garde ce d adventice, et tantôt l'élimine : je mouds, nous moulons, je moulais, je moudrai ; je moulus, mouds.
Le d se maintient à tous les temps et avec toutes les personnes, en Acadie : je mouds, nous moudons, j'ai moudu ; qu'il
moude.

Netteyer, Peyer, etc.

Tous les verbes qui, à l'indicatif et au subjonctif, s'écrivent par oie, ou aie, à l'Académie, donnent oye ou eye en Acadie ; et l'e muet final se fait suffisamment sentir pour constituer un pied métrique, comme dans ce vers de Montfleuri :
" Plus ils s'en croyent près et plus ils en sont loin, "
et dans cet autre du Misantrhope de Molière :
" Mais elle bat ses gens et ne les paye point. "
Le plus perverti des Acadiens n'aurait jamais pu faire le jeu de mots que l'on sait avec le vers désormais célèbre de La Fontaine
" Si ce n'est toi (s'il se nettoie) c'est donc ton frère. "
On ne se nettoie pas, ici, on se nettoye, ou plutôt, on se netteye1, comme faisaient les "honnêtes gens" du grand Siècle.
Au futur, nous disons avec Louis XIV : tu pay-e-ras, en trois

1. – Richelet nous assure que de son temps netteier était le mot en usage chez les grands.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.