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CHAPITRE XI



PRONONCIATION
Les Voyelles


De tous les dialectes populaires de la France contemporaine, celui qui se rapproche le plus de l'acadien, c'est, avons-nous dit, le dialecte que l'on entend dans les anciennes provinces de la Touraine et du Berri.
Le poitevin, le saintongeois, le bourbonnais, l'orléanais et les autres dialectes qui confinent au Berri, offrent, sous plusieurs aspects, de grandes analogies, avec l'idiome acadien. On y trouve la même prononciation particulière de certaines consonnes ; dans un grand nombre de mots, les mêmes désinences dialectales; des tournures de phrases et des expressions locales toutes pareilles ; mais là s'arrête la conformité : le type diffère. A l'oreille, ce n'est presque plus la même langue, tant certains sons étrangers les uns aux autres, tant les variations locales en sont profondes, tant le génie même en parait, au premier abord, différent. C'est au point qu'un Acadien ne pourrait qu'avec grande peine entendre un Poitevin s'exprimant dans son idiome régional.
La dissemblance s'accentue à mesure que l'on avance vers le sud. En Provence, ce n'est plus, à la surface, la même langue. Il faut, pour retrouver le tronc généalogique commun, creuser jusqu'aux racines.
Au nord, les traits de famille se sont mieux conservés. L'oeil, à première vue, les reconnait ; l'oreille, au premier son, les perçoit. Quelque chose de la physionomie de l'ancêtre commun est resté, qui éclate dans les mots. Mais les habitudes du langage diffèrent visiblement. Ce sont, à n'en pas douter, des frères, mais des frères depuis longtemps séparés. Entre les Acadiens, d'un côté, et les paysans normands, vendéens, haut-bretons, picards, champenois, de l'autre, la parenté linguistique n'est qu'au deuxième degré de consanguinité. Encore, par l'em-




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.