France, au commencement du règne de Louis XIV. Cette constatation n'est pas sans importance pour la philologie.
Préciser les traits particuliers qui le distingue des autres dialectes " bourguigons " est chose assez mal aisée, puisqu'en définitive, c'est souvent analyser des nuances. A l'oreille, les nuances sont aisément saisissables et prennent des formes perceptibles, tangibles même ; sous la plume, elles sont le plus souvent évanescentes, et il est à peu près impossible de les noter.
C'est vrai, s'écrit, mais ne se prononce pas tout à fait de la même manière à Versailles qu'aux environs de Dieppe. Ce sont, ou quelque chose d'approchant, deux é fermés, à Versailles
cé vré. Dans la bouche du paysan normand vous entendez, ou croyez entendre,
cè vrê. La différence de prononciation est sensible à l'oreille, lorsqu'on écoute parler un Français de l'un et de l'autre endroit ; mais il est à peu près impossible de la rendre avec précision par la graphie. Le premier de ces deux mots se prononce, en Acadie, à peu près comme à Versailles :
cé ; le second, comme aux environs de Dieppe,
vrê, peut-être un peu plus ouvert.
A
Si l'on veut me permettre un cours qui ne sera pas sans rappeler celui de
Maître de philosophie à M. Jourdain, dans le
Bourgeois Gentilhomme, je dirai que la prononciation de l'
a acadien tient le milieu entre le son normand et le son parisien.
" La voix
a se forme en ouvrant fort la bouche " , dit le Maître de Philosophie à M. Jourdain. C'est bien aussi cela, en Acadie; mais en l'ouvrant naturellement, et non pas
fortement, et en arrondissant, sans effort, et sans rétraction des lèvres, le passage de l'air dans le gosier.
Dans
abîme, accident, adroit, affable, agréable, ahurir, ajuster, alarme, amour, animal, apôtre, argent, assister, atterrir, aveugle, azur, au commencement des mots, enfin, notre
a se prononce comme à Paris. Dans le corps des mots, il est, aussi bien qu'en France, tantôt long, tantôt moyen, tantôt grave ; mais il est moyen ou grave, dans un certain nombre de mots où il est