du Berri, de la Touraine et partout où se parlait la langue d'oui
1.
Cyrano de Bergerac fait dire à ses personnages :
marle, vartu, pardu, sarviette, qui
tare (terre)
a, guare (guerre) a. On trouve
sarviteur, " alle est malade ", dans la bouche des paysans de Molière. " Je le pansay, Dieu le
guarit ", disait Ambroise Paré.
Les
Conférences ont
alle pour elle,
Piarrot pour Pierrot. Si, maintenant, nous remontons un à un la suite des siècles, nous retrouverons cette forme partout, notamment dans saint Bernard (XIIe siècle), qui n'en emploie guère d'autres dans ses sermons.
Dans la liste que Nisard a dressée de ces
a et de ces
e suivis de la liquide
r, je relève le mot
sergent, que les Anglais ont conservé et qu'ils prononcent
sargeant. Il en est de même du mot
clerc qu'ils épellent comme en France, aujourd'hui, mais prononcent comme il se prononçait en France, autrefois :
clarc.
Dans certains de ces mots,
çarvelle, par exemple, l'
a, chez nous, s'atténue au point de donner un son qui tient le milieu entre
a et
e. C'est, sans doute, la tranfusion graduelle d'une consonne en une autre, le transformisme dans les mots en évolution. Il semblerait que le son de l'
a ait été, aux XVe et XVIe siècles, plus rapproché de celui de l'
equ'il ne l'est aujourd'hui, en France
2.
Malgré l'orthographe
3, un certain nombre de mots français, notés par un
e, continuent de donner, en France, aussi bien qu'en Acadie, le son de l'
a : femme, nenni, ennuyer, ennoblir, couenne, solennel, hennir, etc., qui se prononcent
famme, nanni, (nonobstant Littré)
annui, ennuyer, annoblir, couanne, solannel, hannir.
Dans d'autres, enfin, le français a conservé l'
a antique, et c'est nous qui lui avons substitué un
e, comme au mot
tarière
1. – " La langue française n'était pas encore (en 1650) la langue d'une aristocratie de lettres et de cour ; elle était commune à tous. " Th. ROSSET.
2. – " E est fort voisin de la lettre a, voire tel que souvent, sans y penser, nous les confondons naturellement. " RONSART.
3. – " Déjà, au XVIIe siècle, il parait y avoir une orthographe pour les gens instruits et une orthographe des illettrés, mais la prononciation était la même. " Th. ROSSET.