voyelle latine
e. Rex, après avoir fait
rei, donne
e, dans Montréal (Mont-Royal) et
oi dans
roi ; regina a fait
royne, roine, roïne en français (qu'on prononçait
rouène), avant de laisser
reine.
Quoique épelée
oi, cette dipthongue continua longtemps, durant des siècles, dans les provinces du nord et aussi un peu à la cour, de se prononcer
é, ei, ai, oué, à la fin des mots, comme aujourd'hui encore dans la Province de Québec. Quand le P. Carneau, en 1656, écrit :
Que c'est lui retrancher son douaire,
Par un malice bien noire,
noir, qui vient de
niger, se pronçait
noère et rimait avec
douaire, comme il rime très bien, encore aujourd'hui, dans tout le Canada.
Que
ouâ ou
wâ fut la manière de prononcer la dipthongue
oi dans le centre de la France, nous en avons plusieurs témoignages, celui de Féraud, entre autres, qui nous dit que
oi se prononce
oa partout où il ne se prononce pas
é, c'est-à-dire, partout en dehors des provinces du Nord. Il écrivait ceci en 1761. Doumergue, venu quelques années plus tard, confirme cet usage.
Le divorce entre l'orthographe et la prononciation de la dipthongue
oi battait son plein, en France, au XVIIe siècle. On écrivait encore
François, mais déjà on prononçait
français. Au siècle précédent, c'était
françois partout, s'il faut en croire les rimes (les poètes en général et celles-ci de Clément Marot, en particulier:
Car quoique né de Parie je ne sois,
Point ne laisse à estre bon françois.
Dans les siècles antérieurs, cette prononciation ne semble pas faire de doute, témoin ces vers de Rutel, au XIIIe siècle :
Ainz i avoit, dont mult leur poise,
Le tiers d'un lieue francnhoise ;
à moins encore que
o ne soit ici pour
a, comme il semble l'être dans
avoit, et qu'il ne faille prononcer
paise et
franchaise.
Ce double emploi, si je puis dire, persiste aujourd'hui encore, où nous trouvons des
Français qui s'appellent
François, et des
Anglais qui signent
Langlois, de leur nom patronymique. Il y a,