L'
o bref de
rol a fait retour, en France, où les métallurgistes ont
roller (prononcé
rollère), qu'ils ont pris de l'anglais
roller, et qui signifie un cylindre servant au recuit du fer.
Il est à remarquer que Ronsard, Rotrou, La Fontaine, ont fait rimer
rôle, le premier avec
envole (Odes, V. 13), le second avec
frivole (
Saint-Genest, IV, 3), et La Fontaine avec
parole (
Fable V, 1)
1.
D'autres poètes du XVIIe et du XVIe siècles ont des rimes pareilles.
On peut suivre, au moins jusqu'à un certain point, les variations survenues dans la prononciation du mot
rôle, depuis les origines de la langue, tantôt en observant les incertitudes de la graphie, et tantôt, comme nous l'avons vu, par les rimes des poètes.
" Les
rooles de copies " que l'on trouve dans Du Cange, ni non plus Ri le "
role d'escuier ", de Saxe, le " à tour de
roulle " de Coquillart, " le
colle du peuple ", de Calvin le " ils témoignent leur
roole ", de Montaigne, ne précisent, exactement le son que ces auteurs s'évertuaient de rendre, chacun à sa manière. Ce pouvait être un
o bref, ou encore un son intermédiaire.
Quoiqu'en dise Littré, ces vers, de Molière :
" Avez-vous donc perdu, dîtes-moi, la parole ?
Et faut-il qu'en ceci, je fasse votre role ? "
pouvaient rimer parfaitement ensemble, si l'auteur de Tartufe donnait à
role le son clair de
vol qu'il a en Acadie, et si ce timbre était familier à l'oreille du parterre.
Ainsi, nous avons, en Acadie,
rolle, rollon et roller, à côté de
rôle, rouleau, rouler et leur servant de doublets
2.
Nous nous sommes éloignés de notre sujet, et, cependant nous y touchons.
Les grammairiens du grand siècle, pour avoir assez arbi-
1. – Hommes, dieux, animaux, tout y fait quelque rôle,
Jupiter comme un autre. Introduisons celui
Qui porte de sa part aux Belles la parole. LA FONTAINE. Fable V, I.
2. – Qui sait si les noms propres Roland, Rollon, Rollin, Rouleau, ne tirent pas leur origine, les uns de rôle, les autres de rolle ?