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Dans les mots où le Conservatoire chouse, c'est du français le plus pur ; lorsque c'est un paysan de Normandie, du Poitou, dle la Touraine, du Berri, ou d'Acadie, cela détonne et fait sourire : c'est du patois.
La prononciation de la voyelle o subit, aujourd'hui même, une transformation, en France ; elle est, dans un grand nombre de mots, à l'état de transition. Dans alors, d'abord, encore, par exemple, ce n'est plus le bon vieil o d'autrefois, rond, plein, sonore, celui que l'on entend sur les bords du Saint-Laurent, sur les rivages du détroit de Northumberland et de la baie Sainte-Marie ; c'est un son qui tient le milieu entre un o et un a moyen, et qui est peut-être plus rapproché de a que de o, de encare, que de encore.

U

Le timbre de la voyelle u, si malaisé à rendre pour un Anglais est absolument le même à Shédiac qu'à Paris.
La figure de la lettre u, nous vient du latin, mais non pas le son que nous lui donnons. L'u latin se prononçait ou, tel que la liturgie romaine veut qu'on le prononce, aujourd'hui, dans les prières du culte.
Le son particulier que nous donnons à cette voyelle, (on l'entend aussi au Piedmond, en Danemark, où il s'écrit par y, en Allemagne, où il est représenté par un ü, et même en Turquie et en Chine, parait-il), n'est pas un son moderne. La langue indo-européenne, langue-mère du grec, du latin, du germain, du russe, du scandinave, du celtique, etc., le connaissait, apparamment ; le celtique, en tous cas, le connaissait, puisque c'est des Celtes-Gaulois, nos véritables ataves, que nous le tenons. Il y a apparence que l'upsulon représentait, dans la langue grecque, le timbre de notre u français et acadien.
U se traduit par i dans quelques mots acadiens : riban pour ruban, par exemple.
Au lieu de un, ainsi qu'il a été dit plus haut, nous disons, comme en Touraine et en Berri, ien, ou plutôt yin, avec l'yod palatal, quand l'adjectif numéral n'est pas suivi d'un autre mot, et in quand il qualifie le mot suivant : in cheval ; il ne m'en




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.