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CHAPITRE XII

DE LA PRONONTIATION

Les Consonnes

B

B, donne en Acadie exactement le son qu'il a en France.
Dans certains mots de la langue latine b permute avec v : bervex, dont le français fait brebis, et l'acadien berbis, se disait aussi vervex, à Rome, parmi le peuple. Je trouve chez nous quelques exemples de cette permutation : pabot, pour pavot1, ; Bautour, nom propre pour Vautour, nom d'oiseau.

C

La consonne c est plus complexe dans le parler acadien.
Devant une autre consonne (h, 1, r, sont les seules consonnes dont elle soit suivie), elle donne le son français.
C est dur, comme en français, devant les voyelles a et o, ainsi que devant les diphtongues au et ou : carré, cordon, cause, coupable, etc. Il est doux et sifflant devant é et i : cent, cendre, citron.
Mais suivi de la voyelle u et des dipthongues ui et ai, il donne un son étranger au français officiel et que l'alphabet est tout à fait impuissant à rendre. L'orthographe ordinaire le traduit par tch. Nous l'appellerons une shuintante palatale.
Ainsi dans cul-de-sac, culbute, cultivé, culotte, curé, culture, etc., le c acadien s'adoucit et prend un son qui est à peu près celui du ch anglais dans chip, cheese, Charles, choice.
La combinaison, cui, à cause du son particulier de l'u français, rend, en Acadie, une voix inconnue, je crois, aux autres langues.

1. – On connait cette saillie de Martial à l'adresse des Vascons (Basques) pour qui, dit-il en jouant sur les mots, vivere et bibere (vivre et boire) est la même chose.
On trouve parmi les inscriptions des Catacombes bixit pour vixit. A Rome, le peuple disait viviani pour bibiani, d'où Bibiane, nom propre.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.