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On ne le trouve pas dans l'anglo-saxon, attendu que l'u français, " ils ne l'ont pas en Angleterre, " quoiqu'ils possèdent dans ch un son pareil à celui du c shuintant palatal des Acadiens.
Ils ne l'avaient pas, apparemment, non plus, à Rome, ni en Grèce. A Rome, la voyelle u se prononçait ou et cu donnait le son dur de cou. Encore, si l'on examine la prononciation des syllabes françaises dérivées du c latin, en combinaison directe ou indirecte avec u, on peut se demander si l'u latin se prononçait ou, uniformément, dans tous les mots. A tout évènement, il a légué au français des sons divers que la consonne qui précède, ou qui suit, n'explique pas toujours.
Ainsi cuculus a laissé coucou ; cum, comme, crux; croix, currus, char ; culina, cuisine ; cucumerem, concombre.
Dans les mots en ui, où la diphtongue se scinde en deux demi-syllabes, comme dans cuisine, cuiller, cuir, cuirace, cuivre, cuisse, le son de c (tch) est le même que dans culotte, curé, tout en conservant à ui son timbre particulier.
C schuinte également dans queue, quêteux, que nous prononçons tcheu, tchêteux.
En combinaison avec aisse, dans caisse, caisson, et dans le nom propreCaissie, c'est toujours le même son schuintant tchaisse, tchaisson, Tchaissie. Même son encore dans le mot coeur, qui se prononce tcheur.
D'où nous viennent les sons mouillés et très fortement shuintants du c (il faut y ajouter le k et le q) devant la voyelle u, devant les diphtongues ui, uï, ais et devant eu dans coeur ?
Ces sons ont-ils jamais été reproduits dans la langue écrite ? Pourquoi, s'ils l'ont été, ne les retrouve-t-on plus, quand, en dehors de la langue officielle, on les entend, dans le parler dialectal, d'une extrémité à l'autre de la République Française.
Question complexe, à laquelle personne, jusqu'ici, n'a, je crois, donné de réponse satisfaisante. Selon moi, s'ils ne se trouvent pas dans la langue écrite, c'est qu'il nous est impossible de les y mettre, faute de note alphabétique qui les rendre. Nous n'avons jamais eu que des instruments empruntés et inadit-




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.