– 116 –
mots latins, lesquels, par une pénétration lente, finirent par couvrir tout le territoire, depuis les Alpes et l'Adour, jusqu'aux Flandres et à la Manche.
La matière adventice, la fonte, était latine ; mais le monde dans lequel elle entrait était gaulois. Les mots étaient latins, mais la prononciation empruntait quelque chose, beaucoup même, à l'accent celtique.
Ce phénomène se renouvelle de nos jours. Les paysans canadiens et acadiens empruntent de l'anglais ambiant, un nombre considérable, trop considérable, malheureusement, de mots, verbes, adjectifs, substantifs, qu'ils mettent sur une forme neuve et auxquels ils font prendre une phisionomie française.
Il est permis de supposer que telle a été, à peu près, la manière dont le latin du légionnaire romain s'est, en même temps que le latin officiel, infusé dans les Gaules.
Devant a, an, au, e, é, è, ci, eu, i, o, oi, oi, ou, y, quelle que soit la consonne qui suive, le son du c est, en Acadie, celui du français de France : cadavre, canter, cause, cendre, célèbre, cèdre, ceinture, ceux, cieil, colonne, coitte, coincidence, cygne.
C final
Dans les terminaisons en ac, ce, ic, oc, ouc, notre prononciation est celle du Conservatoire, sauf quelques exceptions. Par exemple nous disons rac, au lieu de ras. D'où vient le c sonore de l'adjectif ras, dérivé apparemment de rasus.
A l'époque où le vocabulaire de la langue française fut trié sur volet, la prononciation du c, à la fin des mots en ac, tendait à disparaître. Micmac 1, par exemple, s'écrivait comme il s'écrit encore en Provence, micmah, et le branle étant donné, beaucoup d'autres mots allaient suivre 2.
Cette tendance à faire tomber le c des syllabes en ac, à la fin des mots, s'est, dès les commencements de la colonie, manifestée en Acadie. Paspébiac, Matapédiac, noms sauvages de
1. – Comment, pourquoi, à quelle occasion, par qui, ce nom a-t-il été donné à la tribu souriquoise-abénaquise de l'Acadie ?
2. – " Il y avait trois paires de murs ses (secs) à passer " JOINVILLE,
|
|