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rivières, se disent Paspébia, Matapédia. Il n'est pas bien sûr que le mot Cadie lui-même, d'où Acadie, ne vienne d'un radical abénaquis en ic : Cadic, ou peut-être Cadiac.
Là où le c, dans les noms propres, persiste à se faire entendre à la fin des mots, comme dans Petitcodiac, il faut voir l'influence anglaise.
Les vieillards disent aussi un orignâ, pour désigner l'élan du Canada, appelé orignac ou orénac par les Basques, et dont les Français, à la suite du scribe qui le premier nota ce mot, et le nota mal, ont fait orignal, et quelques-uns original.
Nous faisons sonner le c de moïac1. Il sonne aussi dans d'autres mots tirés du Micmac.
Cette finale en ac, très répandue clans les idiomes indigènes, constitue l'un des traits de ressemblance que l'on prétend trouver entre l'algonquin et le basque, langues extraordinairement agglutinatives, dont l'origine est tout à fait inconnue.
Avec pourrait s'écrire avecque, ou aveques, en Acadie, comme on le trouve épelé dans le Roman de la Rose, dans maint vieux auteurs2 et chez les poètes, même ceux du XVIIe siècle. Nous disons avecques-eux, avecques-elles, en liant l's avec l'e de eux et de elles qui suit : avec-z-eux. Nous disons aussi avecque lui, en trois syllabes.
J'ai aussi entendu prononcer - mais c'est l'exception - avé-lui, avé-moi, comme ce mot se prononçait, à Paris, au temps de Palsgrave. De fait, dans la bouche des Parisiens, le c final de avec est tombé, de temps immémorial. Il tombait très certainement, au XVIIe siècle, et, je crois qu'il tombe encore aujourd'hui, dans la bouche d'un petit nombre de Parisiens des plus haut cotés en linguistique.
Dans la conjonction donc, le c ne se fait pas sentir, ici, même devant une voyelle : dis don à Jean de venir.
On trouve surtout ce mot écrit par un t dans le vieux français. Une chanson militaire, datant, apparemment, du XVIIe siècle,

1. – Eider américain, avec le duvet duquel on fait des édredons recherchés.
2. – " La plupart des animaux qui vivent avecques nous. " MONTAIGNE; " Lors le prieur de l'Abbaye avecques tous ses moyens sortit ". RABELAIS.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.