et que nos gens chantent encore, se termine par ce refrain :
Or à Dieu dont, mon cher amant.
Ceci rappelle la très ancienne chanson d'une bergère de J. G. Alione :
" A tant prins (pris) congé d'elle,
Disant : à Dieu dont ".
Pourquoi les Acadiens disent-ils
abric pour
abri,
nic pour
nid ? On pourrait ajouter : pourquoi trouve-t-on
épic pour
épi, dans maints vieux auteurs français ?
Abric peut s'expliquer par le fait qu'il nous vient du provençal
1, comme le montre cet exemple que je tire de Marcabrus :
" A l'
abric lonc la pastura " (à l'abri, le long du pâturage). Nous avons aussi le verbe
abriquer, doublet de
abrier.
S'
abriquer, c'est se mettre à l'
abric, c'est-à-dire
à l'abri ;
s'abrier, c'est se couvrir d'une
couverte2, lorsqu'on est couché ; d'un manteau, ou d'une robe de fourrure, si l'on sort en voiture. par un temps humide et froid.
Ces doublets ne sont pas exactement des synonymes. Ils vont de compagnie. Ils pourraient bien être sortis, l'un d'un
rejaisson scandinave, apporté par des légionnaires germaniques stationnés dans la Gaule romaine, l'autre, d'une racine prise d'un tronc latin.
Au lieu de
nid, nous disons
nic, de
nidus.
Nidus n'a pas toujours donné
nid, en français. On trouve dans E. Desh :
" Au petit ru (ruisseau) boit tourterelle,
Plus aise qu'en rivière imelle
Son nif (nid) en lieu moien enserre. "
Plusieurs siècles plus tard, Malherbe déclare que ce mot doit se prononcer
ni, ou
nit, en sonnant le
t. Le
t de Malherbe, l'
f de Desh, le
c acadien, sont simplement euphoniques.
1. – M. Brunot nous dit qu'on prononçait apriques, au XVIIe siècle, chez le peuple. Cela pourrait bien être, et cela pourrait aussi être une mauvaise transcription d'un p mis à la place d'un b.
2. – Couverture.
3. – Rejeton, bouture, diminutif de rejet.