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de prétention à l'être, mais qui finirent, en bien des cas, par se faire sentir, à la lecture, passant des yeux à la langue, et qui ont ainsi altéré, la prononciation d'un nombre assez considérable de mots.
Pour expliquer le son variable du g dans les mots, on nous dit que du latin, il s'est permuté au e anglais et au k allemand, gelidus, par exemple, répondant à cold, et gula à kehle. Il ne faudrait pas, il me semble, de ces cas particuliers tirer une loi trop générale ; le contraire a pu tout aussi bien arriver, et il est possible que le c saxon et le k germanique aient été apportés par le légionnaire, ou l'esclave, de leur pays d'origine, dans les Gaules, puis ait passé en Italie et de là jusque dans la cité impériale, pour y faire souche de c et de g étymologiques adoucis, ou atones.

D

D, donne le même son dans le parler acadien que dans le français de Paris et de province. Il se prononce de la même manière, produit les mêmes effets de liaison et joue le même rôle, au commencement, à la fin et au milieu des mots, sauf devant les diphtongues syllabiques ia, io, iu, et devant la triphtongue ieu, où il se mouille. C'est alors une palatale très fortement schuintante.
Ce son mouillé, étranger à la langue académique, semble être une relique du celtique, puisqu'il n'existe ni en Italie, ni en Espagne, ni au Portugal, ni au delà des Alpes et des Pyrénées, et qu'on l'entend en Provence, à l'est du royaume, dans la Touraine, le Berri, en Picardie, et, quoique atténué, dans la banlieue même de Paris. Son actuelle distribution territoriale porte à croire qu'il fut, à une époque donnée, peut-être durant tout le moyen âge, universel en France.
On le retrouve très marqué en Angleterre.
Il perce de toutes parts dans les vieux auteurs français, sans que le lecteur non averti s'en doute ; sans qu'on le perçoive, faute de note au clavier alphabétique qui le rende distinctement avec son timbre propre. On ne le distingue pas davantage, moins




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.