des Anglais, s'appelle du joli nom de
frazil, prononcé
frazi, en Acadie. Aux Îles-Madeleine, on appelle
frazel la gelée blanche qui givre les arbres.
Les rivières, pour la plupart, gèlent de bord en bord, l'hiver, et aussi les lacs et les baies de peu d'étendue. Mais le long des côtes baignées par l'océan, la glace ne s'étend qu'à une certaine distance du rivage. Cette ceinture de glace c'est le
bordage. Aux Îles-Madeleine, on l'appelle le
débaris.
Le
bordage, sous l'action des vents et des marées, se brise souvent et se fractionne en blocs de glace qui s'empilent les uns sur les autres. Ces amoncellements sont des
basculis. Le
mouvange1 se fait au printemps, sous la poussée du vent et des marées.
C'est avec des blocs de glace que les chasseurs à l'affût du gibier de mer font des
gabions2, auprès des
dégelis, le printemps, et derrière lesquels ils se cachent. Il s'en fait aussi avec des
branchailles3 recouvertes de neige et de tout ce qui peut leurrer le gibier aquatique.
La Forêt
La nature primitive couvrait l'Acadie et toute l'immense étendue du Canada d'un manteau vert,
tapiné4 de lacs grands et petits, et ceinturé de rivières petites et grandes.
En forêt, les Sauvages, les Acadiens, et les
Coureux-de-bois5 Canadiens se servaient, l'été, pour passer d'une rivière à une autre, ou à un lac, quand la distance n'en n'était pas trop longue, de légers
canots d'écorce, qu'ils portaient sur leurs robustes épaules.
1. – En Acadie comme au Berri, l'on dit mouver au lieu de mouvoir. Les Anglais nous doivent ce mot : to move, prononcé mouve.
2. – Terme militaire, paniers dans lesquels les assiégeants se cachaient.
3. – Amas de branches coupées, branchages.
4. – Tacheté, pigloté. Nous disons aussi, avec les Canadiens, pivelés.
5. – Nom donné à ces intrépides découvreurs canadiens, véritables chevaliers errants de la forêt, qui, moins de cinquante ans après l'arrivée de Champlain, avaient déjà, avec les missionnaires, exploré presque tout le nord de l'Amérique.