D'autres habitants de la forêt étaient recherchés à cause de leur fourrure : le loup-cervier, le
chat-sauvage ou lynx, aussi appelé
marchouêche, mot sauvage, apparremment, la
mouffette1, le
souisse2, le
foutreau3, la
blette4, la marte et le renard.
La chasse royale était celle de
l'orignât. C'est l'hiver, ou au commencement du printemps, qu'elle se pratiquait de préférence : chasse émouvante
aux excès.
Le chasseur, monté sur ses
raquettes5, apercevait-il une piste
d'orignât, qu'il se lançait à sa poursuite, dans le grand bois. Lutte d'agilité et d'endurance ; lutte inégale, aussi, où la pauvre bête se déchirant les
pattes6, quand il y avait du verglas, ou
s'embourbant, quand la neige était trop
creuse7, finissait par se laisser approcher. Une décharge de mousquet à la base de la tête, ou à l'épaule, et l'homme avait raison de son rival sans défense.
Les rivières, les baies, les lacs, les côtes, étaient littéralement grouillants de gibier de mer, le printemps et l'automne. A l'une de ces baies, Nicolas Denys, émerveillé de la quantité de gibier qu'il y trouva, donna le nom de Cocagne, qu'elle porte encore
8.
Ce n'est qu'aux oiseaux comestibles que nos gens faisaient la chasse ; mais les variétés en étaient nombreuses. Le plus gros, le plus profitable, était l'
outarde9 ; le plus succulent, le
1. – Nom que l'on donne, sur la côte nord du Labrador, à la " bête puante ", le putois ou mephitis americana, le skunk des Anglais.
2. – Tamia quadrivitta, écureuil rayé de bandes blanches ; ground squirrel, en anglais.
3. – Vison. La Hontan donne le nom de foutereaux à un petit animal amphibie de l'Amérique du Nord.
4. – Belette.
5. – Qu'on attache à sa chaussure pour marcher sur la neige.
6. – Les pieds. Ainsi le veut une subtile distinction qu'on a établie entre patte et pied.
7. – Quand la couche de neige était trop épaisse.
8. – Belle paroisse, dans le comté de Kent, au Nouveau-Brunswick.
9. – L'outarde d'Amérique est une véritable oie sauvage.