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étaient la ferzaie1, le bigre2, le sainglaude3, le pic-de-bois4, le biorque5.
L'une des chasses les plus estimées d'autrefois était la chasse à la tourte6. Ce sport n'existe plus, parce que la tourte a complètement disparu.
Quand la poudre et le plomb manquaient - il faut bien vivre - on tendait des lignettes7.

Agriculture

La culture de la terre offre plusieurs termes étrangers à la langue officielle, dont quelques-uns me paraissent de bonne venue. L'homme des champs n'est pas, en Acadie, un cultivateur, comme en France, aujourd'hui, ni un habitant, comme dans la contrée de Québec : c'est un fermier. A l'origine, il tenait sa terre à ferme, du seigneur, tant en Acadie qu'en France. Les lois d'Angleterre ont fait de lui un franc tenancier, lui ont donné en propre la dîde8 de sa terre. Il n'en reste pas moins un fermier, son propre fermier.
Nous avons les semences9, pour les semailles, et la cueillette pour la récolte.
Quand le blé est mûr, il se métive10, cheux nous ; et c'est un

1. – Engoulevent. C'est le même mot que frezaie, avec la lettre r changée de place. " A scrich-owl, " dans Cotgrave. Du l. proe saga, oiseau-augure.
2. – Oiseau de nuit, difforme, de la famille des échassiers. Nom tiré du cri de l'oiseau.
3. – Pour saint Claude, le c et le g permuttant. C'est ainsi que l'on dit encore la Reine Glaude, pour la reine Claude. Un sainlaude, en Acadie, c'est un martin-pêcheur.
4. – Le pic ; wood-pecker, en anglais.
5. – Oiseau nocturne, peut-être le même que le bigre. Les Canadiens l'appellent le coac.
6. – La Colombe carolinienne d'Amérique.
7. – Rets à prendre des oiseaux.
8. – Le titre, l'octroi. De l'anglais deed, qui se prononce dîde.
9. – Du latin sementia. Semaille a été tiré de seminalia. Le Français ne dit pas ensemailler, mais ensemencer, comme nous. Il a conservé, avec nous, le substantif ensemencement.
10. – Se coupe à la faucille. Le mot se trouve dans d'Aubigné, etc.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.