siste à les
abeurver (métathèse d'abreuver), à leur donner à manger, à écurer les étables, et à entretenir les litières. Aux chevaux on donne du
foin doux (foin de terre haute, mil et trèfle); aux vaches, aux boeufs, aux taures, aux
neuillasses1, aux
boeufs-de-garde (taureaux), aux poulains, aux
poulines (pouliches), on donne, l'hiver du trèfle, du foin de pré ou de marais et de la paille.
Ce sont les femmes qui, en tout temps de l'année,
tirent (traient) les vaches.
Restent les gorets et la volaille. Ce sont encore les femmes qui, le plus souvent, en prennent soin. On les enferme, le soir, dans leurs gites respectifs : le
tet2 à cochon, pour les gorets, et le
tet à poule pour la volaille. Les
pirounes3 couchent à terre,
sur la place (le plancher, le sol) ; les poules sur leur
juc4 ; les
dindes (coqs d'Inde) et les canards, comme ils peuvent.
Une
piroune routie, ou bouillie, est un plat obligatoire, au jour de l'an et aux repas de noces. Aussi prend-on le plus grand soin des
pirons, au temps de la couvée, surtout lorsque les oeufs commencent à
bécher5.
La Ferme
Les
terres en bois debout abondaient. Il en reste encore
une beauté6 à prendre surtout au Nouveau-Brunswick. Aux colons de bonne foi, le gouvernement en octroie la
grante7 à des conditions faciles. Les lots sont de cent
arpents chacun, et aboutissent généralement à un
trécarré commun
8.
1. – Bête à corne de deux ans.
2. – Toit, Souille à cochon, dans la province de Québec.
3. – Oie femelle. C'est aussi le nom générique donné à l'espèce.
4. – Jouc, en bas de Québec. Juchoir. Jucher est la forme verbale de juc.
5. – Sont prêts à s'ouvrir pour laisser sortir l'oiseau captif, qui le bèche de son bec.
6. – Un grand nombre. Ce mot a été, je crois, tiré de l'anglais, beauty, qui vient du v. français. Beau-coup.
7. – Le titre. Mot anglo-saxon francisé par les Normands de Guillaume le Conquérant, et en usage en Acadie.
8. – Très carré. La limite d'une terre, côté de la forêt. C'est ce que les Poitevins appellent la devise.