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du pays1 ; mais, étant femmes, elles aimaient de préférence, quand elles pouvaient s'en procurer, quelque chose de plus élégant : de l'indienne à carreaux, barrée ou picotée2 ; du bombesette3 et surtout de la soie.
Elles portaient presque toujours une petite croix d'or, ou d'argent, suspendue au cou. Pour les pauvres, c'était une médalle4.
Comme pour toutes les jeunes filles des champs, le luxe des gants, l'été, était à peu près inconnu. L'hiver, cependant, elles en portaient pour se garantir du froid. La mitaine était réservée aux hommes.
Pour coiffure elles mettaient, quand elles sortaient, un mouchouer, de couleur plutôt sévère. Mais, à la maison, quand elles n'étaient pas en cheveux, c'était, pour les jeunes, une jolie petite coueffe à capuchon, ou à la brêche5. Pour les plus vieilles, une câline6, noire ou blanche, ou un béguin. Les petits enfants étaient aussi coiffés d'un béguin.
Le fion7 c'était d'avoir des pendoreilles8 ; mais toutes n'en portaient pas. L'hiver, quand elles sortaient, elles mettaient un faituchon9.
Jamais de sabots. Le comble de l'élégance c'était des souliers à la poulaine.
Moins compliqué encore que celui des femmes, le vêtement des hommes.
Des culottes10 à clapet11, ou à braguette, une chemise en toile

1. – Etoffe confectionnée à la maison, au pays, par opposition aux étoffes importées.
2. – Piquée de pois de différentes couleurs.
3. – Etoffe moirée, originairement de Bombay, aux Indes.
4. – Médaille.
5. – Anciennes coiffes, encore portées par les Acadienes des côtes du Labrador, et, je crois, aussi des Iles-Madeleine.
6. – Coiffure de femme, couvrant les oreilles.
7. – La dernière touche, le fin du fin.
8. – Pendants d'oreilles.
9. – Sorte de capuchon.
10. – Culotte se dit aussi pour des pantalons.
11. – A soupappe, si l'on peut dire.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.