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écrue ; une veste1, un frac2, l'été ; un capot, l'hiver ; une cape3, en toute saison. Il y avait aussi la bougrine4 pour les mauvais temps.
Cet habillement, quoique simple dans son ensemble, ne manquait pas d'une certaine élégance rustique.
Pour langes, les petits enfants avaient, comme tous les enfants, un drapeau5. Je ne puis dire au juste comme ils s'habillaient, quand ils étaient devenus grandets6.
La coiffure consistait en un chapeau de paille, ou en un casque7, selon la saison.
L'aïeul portait, aux grandes occasions, un chapeau fin8, relique le plus souvent, transmis de père en fils, et dont les poils vénérables jaunissaient, en s'allongeant, de génération en génération. Les malpolis9 appelaient cela un tuyau.
Les petits garçons portaient des calottes, l'été, et des tuques10 l'hiver, quand ils n'allaient pas nue tête.
Le drap fin était à peu près inconnu ; l'étoffe foulée11 le remplaçait. Les femmes en faisaient de chauds vêtements, dont elles encapottaient12 leur homme13 et leurs grands garçons, l'hiver.
La chaussure était plus complexe. Il fallait se tenir les pieds chauds, quand on allait bucher14, au bois, ou battre au fleau15,

1. – Vêtement, juste au corps, très court, avec manches.
2. – Le franc acadien d'autrefois était plus court que celui d'aujourd'hui.
3. – Quelque chose comme le coat anglais : " A mariners gown ".
COTGRAVE.
4. – Sorte de paletot.
5. – Bonne vieille expression française.
6. – Quand ils arrivaient à l'âge viril. Diminutif de grand.
7. – Toute coiffe d'homme, à l'exception du chapeau.
8. – Chapeau haut de forme, aussi appelé gibus.
9. – Polissons, gamins.
10. – Sorte de capuchon en laine tricotée, dont la pointe retombe.
11. – Passée au moulin à foulon.
12. – Confectionnaient une cappe pour leur homme.
13. – Mari.
14. – S'emploie absolument pour bucher, abattre du bois.
15. – Prononcé flo, comme en ancien français.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.